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Julien Denormandie veut que tous les chantiers reprennent avant la fin du mois de mai

Julien Denormandie, ministre du Logement

Julien Denormandie, ministre du Logement - BFM Business

Le ministre du Logement était l’invité de BFM Business. Et pour lui, un adage compte: “quand le bâtiment va, tout va”.

Le gouvernement a un objectif très ambitieux. Par la voix de son ministre du Logement, Julien Denormandie, invité sur BFM Business ce mardi, il prévoit que tous les chantiers reprennent avant la fin du mois de mai. “C’est l’objectif”, a martelé Julien Denormandie. “C’est faisable”.

Il a rappelé l’importance de l’adage: “Quand le bâtiment va, tout va”. Mais aujourd’hui, “le bâtiment ne va qu’à moitié”. En effet, le ministre du Logement a précisé qu’aujourd’hui seuls 53% des chantiers avaient repris. Ils étaient 35% il y a 10 jours.

La question des surcoûts réglée au cas par cas

Pour Julien Denormandie, afin que cette reprise soit possible, il faut “redonner de la confiance”. Pour cela, le gouvernement a rappelé qu’il a édité, avec les fédérations du secteur, un guide pour le respect des règles sanitaires. Mais outre le volet confiance, il y a également le volet juridique. Il veut que les pénalités de retard des chantiers puissent être aménagées. Un encadrement juridique sécurise les acteurs sur ce sujet. Et enfin, il rappelle qu’il y a la question des surcoûts dont la réponse gouvernementale est en cours de finalisation. Julien Denormandie ne veut pas trancher la question par une loi. Il affirme préférer le cas par cas.

Par ailleurs, le ministre du Logement en “appelle à tous les Français: il faut refaire appel aux artisans. Il ne faut pas attendre pour les chantiers, les rénovations”. En effet, il rappelle l’importance de refaire travailler ces professions qui ont dû mettre leur activité sur pause le temps du confinement.

Un secteur crucial

Le bâtiment s'avère, à plusieurs titres, crucial. En tant que telle, son activité représente plus de 5% de l'économie française. Au-delà, la santé du secteur est garante d'une offre suffisante en logement, essentielle au bon fonctionnement de l'économie. Le gouvernement est-il, pour autant, réaliste? Certes, la reprise constitue une réalité dans le bâtiment. Seulement, "même si on se bat pour que tous les chantiers reprennent, c'est illusoire de penser qu'on sera à 100% fin mai", prévient Jacques Chanut, président de la FFB, auprès de l'AFP.

Les freins ne sont "pas du fait des entreprises, mais des clients qui ne peuvent pas ou ne veulent pas", assure-t-il. "Malheureusement, on n'est pas les seuls décideurs". Les blocages sont en fait différents selon les catégories de clients, qui vont des particuliers en train de refaire leur cuisine aux grands travaux publics, en passant par les promoteurs privés qui construisent des logements.

Revoir la réglementation

Chez les gros clients, les tensions se concentrent sur un point: qui doit assumer le coût des mesures sanitaires destinées à éviter la propagation du virus sur les chantiers ? Le secteur du bâtiment estime que ses marges sont déjà faibles et que beaucoup d'entreprises ne survivront pas à ces coûts supplémentaires. Il demande donc à ses clients de renégocier leurs contrats. "Quand le client dit: J'en prends la moitié, ça redémarre tout de suite", rapporte Jacques Chanut. Mais "dans d'autres cas, ça ne reprend pas ou ça ne va pas reprendre avant longtemps", ajoute-t-il, évoquant des blocages avec "certains promoteurs".

En ce qui concerne les marchés publics, la situation est encore plus complexe, car la modification des contrats existants nécessite de revoir la réglementation des appels d'offres. Bruno Le Maire a certes ouvert la voie la semaine dernière à un partage des coûts avec les acteurs publics, mais il n'a pas donné de détail concret sur l'évolution des règles. Reste le cas, bien différent, des petits clients. Chez eux, ce sont surtout des préoccupations sanitaires qui dominent: difficile d'envisager d'accueillir un artisan chez soi quand l'heure est à éviter les contacts. Signe que le gouvernement est conscient du problème, il a publié cette semaine une note destinée aux particuliers, les assurant de l'absence de risque grâce à une série de consignes sanitaires en vigueur depuis plusieurs semaines sur les chantiers.

avec AFP

Diane Lacaze