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La Plaine : cette place de Marseille fait peau neuve sur fond de polémique

La Plaine avant sa réhabilitation

La Plaine avant sa réhabilitation - Google Maps

Plus de 13 millions d'euros ont été investis pour réhabiliter cette place. Les travaux devraient durer jusqu'en décembre 2020.

Marseille a débuté la réhabilitation de La Plaine, l'une de ses plus grandes places, un chantier parmi les plus importants. En début de semaine, derrière un cordon d'une cinquantaine de CRS, des ouvriers ont abattu les premiers arbres. Face à eux, une centaine de manifestants s'étaient rassemblés, criant "assassins ! assassins !".

Car ce chantier est l'un des plus contestés de la cité phocéenne. La rénovation de la place Jean-Jaurès, communément appelée La Plaine, est l'un des projets majeurs de la municipalité dirigée par Jean-Claude Gaudin (LR), et un serpent de mer de la politique marseillaise. Au total, 13 millions d'euros (HT) sont investis pour des travaux programmés jusqu'en décembre 2020. Le projet ambitionne de transformer la place de 2,5 hectares (soit 25.000 m2), avec ses pavés défoncés, son immense parking en plein air et son parc souvent jonché de détritus, en une vaste zone piétonne, dans une ville qui n'en comporte quasiment pas, dotée de deux aires de jeu et bordée de cinq rangées d'arbre.

Embourgeoisement du quartier

Mais le projet rencontre de fortes oppositions: celle des près de 300 forains qui y tenaient plusieurs matinées par semaine l'un des marchés les plus fréquentés de la ville, et de ceux qui considèrent que malgré son délabrement, La Plaine reste l'un des hauts lieux de la vie associative, militante et festive de Marseille. Un carnaval anarchique et populaire y était notamment organisé chaque année.

Depuis des mois, des militants, qui dénoncent ce qu'ils voient comme l'embourgeoisement programmé du quartier, se préparaient aux premiers coups de pioche, certains promettant de faire capoter les travaux ou assurant, sur des tags et affiches que La Plaine se transformerait en ZAD (zone à défendre), à l'image de Notre-Dames-des-Landes.

Interpellé par l'ensemble de ses opposants, qui critiquent le projet, Jean-Claude Gaudin avait répliqué, début octobre, au conseil municipal : "Il fallait refaire la place Jean-Jaurès. Il y a longtemps qu'on l'a décidé, il y avait trop de difficultés, d'accès, de stationnement, il fallait refaire".

Souffrir au quotidien de la pollution record

Pour ses opposants, ce chantier est un symptôme des difficultés qu'a la deuxième ville de France à rattraper son retard. Malgré les nombreux projets d'aménagement engagés par la mairie, les habitants continuent de souffrir au quotidien de la pollution record, du manque de transports en commun et de parcs. "La politique des années 1980 continue! On rase des arbres, on bétonnise, on imperméabilise. La ville ne comprend rien, c'est un gâchis", raille le patron de l'opposition socialiste Benoît Payan. "Bien sûr, on ne pouvait pas rester avec une place qui serve uniquement aux punks à chien", mais "on aurait pu réaménager la Plaine de façon plus simple, en végétalisant".

"Je comprends tout à fait l'angoisse" des opposants au projet de rénovation, mais "on ne peut pas parler de gentrification (embourgeoisement) à chaque fois qu'on veut embellir un endroit", nuance de son côté Mathieu Grapeloup, un Marseillais dont la page Facebook sur les transformations de la ville est suivie par 27.000 personnes. Il partage toutefois les critiques de nombreux défenseurs du patrimoine: "Il y a énormément de belles bastides qui disparaissent pour faire des cages à lapin en béton". "On perd de l'espace public, des bâtiments qui pourraient servir à autre chose que l'hôtellerie et l'immobilier pour faire entrer de l'argent dans les caisses", regrette-t-il. Parmi les autres projets contestés de la mairie, celui de concéder une partie de l'un des seuls parcs publics avec vue plongeante sur la Méditerranée, la Villa Valmer, à un hôtelier de luxe.

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(photos de la Soleam - Société locale d'équipement et d'aménagement de l'aire métropolitaine)

(Avec AFP)

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