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Vinci s'inquiète des relations qui se tendent avec ses clients sur les chantiers

Vinci reste solide malgré un paysage plus complexe sur ses chantiers français.

Vinci reste solide malgré un paysage plus complexe sur ses chantiers français. - Loic Venance - AFP

Le géant français du BTP prévient qu'il subit des tensions avec ses clients sur les chantiers. "Les relations entre les maîtres d'ouvrages et leurs entreprises sont peut-être un peu plus tendues que par le passé", précise Xavier Huillard, PDG de Vinci.

Vinci, géant français de la concession et du BTP, sort d'un bon premier semestre grâce notamment à son essor dans les aéroports, mais prévient qu'il subit en France des tensions de plus en plus marquées avec ses clients sur les chantiers. "Les relations entre les maîtres d'ouvrages et leurs entreprises sont peut-être un peu plus tendues que par le passé", a admis Xavier Huillard, PDG de Vinci, lors d'une conférence téléphonique à l'occasion des résultats semestriels du groupe.

Le chiffre d'affaires semestriel, de 21,73 milliards d'euros, et le bénéfice net, 1,36 milliard, sont en hausse, de respectivement 10% et 4,5% sur un an, et dépassent les attentes des investisseurs. En conséquence, Vinci confirme son objectif de faire progresser les deux sur l'ensemble de l'année, sans donner de prévision chiffrée. Le groupe, qui sort déjà d'une bonne année 2018, profite d'une activité solide et équilibrée: ses revenus progressent dans toutes ses activités dans les concessions - aéroports et autoroutes -, les chantiers - construction, infrastructures énergétiques, travaux routiers et ferroviaires - et la promotion immobilière. "Tout ça, ça nous conforte dans la pertinence de notre stratégie" s'est félicité Xavier Huillard, évoquant le poids de plus en plus élevé de l'international dans l'activité de Vinci.

Des chantiers moins rentables

Il y a pourtant un point noir: le bénéfice d'exploitation, témoin de la performance du groupe, a chuté de près de moitié sur les seules activités de construction et recule légèrement en prenant en compte toute la branche de chantiers, même si Vinci promet d'améliorer la situation d'ici à fin 2019. Ce recul s'explique d'un côté par un facteur à l'oeuvre depuis plusieurs trimestre: le niveau toujours bas des investissements dans le secteur pétrolier et gazier. Mais il est aussi dû un élément plus nouveau: des "difficultés", selon les termes de Vinci, sur plusieurs chantiers français.

Sans vouloir détailler les chantiers concernés, le PDG de Vinci a insisté sur la "tentation par les maîtres d'ouvrages de repasser aux entreprises un certain nombre de responsabilités (...) qui n'étaient pas prévues dans les contrats initiaux", évoquant par exemple des exigences environnementales. "Lorsque vous êtes face à une difficulté avec un client, (...) le temps nécessaire pour régler cette difficulté a tendance à s'allonger", a-t-il détaillé. "Ca décale dans le temps les recettes correspondantes et cela a un effet ponctuel sur le résultat d'exploitation."

Progression du carnet de commandes

Reste que, si les négociations se tendent, Vinci a d'excellentes perspectives en général dans les chantiers: le carnet de commandes, indicateur avancé des revenus, y progresse franchement et bat, comme depuis plusieurs trimestres, un record. Parallèlement, il peut compter sur les effets favorables de l'un de ses principaux axes stratégiques: un développement à toute vitesse dans les aéroports. Le chiffre d'affaires de sa filiale dédiée bondit de près de moitié, à plus d'un milliard d'euros, ce qui s'explique d'abord par de multiples acquisitions même si l'activité y est, là encore, très solide en elle-même.

L'acquisition récente la plus emblématique reste celle finalisée en mai pour plus de trois milliards d'euros de l'aéroport londonien de Gatwick, mais ce n'est pas la seule. Le groupe bénéficie aussi de l'intégration de l'aéroport de Belgrade et d'un portefeuille comprenant des sites, entre autres, américains."En dix ans, le groupe est devenu un leader incontournable de ce secteur aéroportuaire et nous entendons continuer à nous développer (...) les prochaines années", a insisté Xavier Huillard, restant pour autant flou sur les intentions de Vinci quant à Aéroports de Paris (ADP).

Ce dernier doit être privatisé mais l'opération est suspendue à un possible référendum en faveur duquel un peu plus de 600.000 signatures ont été comptabilisées fin juillet sur les 4,7 millions nécessaires dans un délai de huit mois. "Le sujet est aujourd'hui en attente des résultats de ce référendum", a conclu Xavier Huillard. "Nous verrons ce qu'il y aura lieu ou non de faire en fonction de ce que le gouvernement décidera à l'issue de ce processus."

(Avec AFP)

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