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53 000 familles (très) riches logées en HLM

Des HLM à Saint-Denis

Des HLM à Saint-Denis - dr

Plus de 50 000 locataires du parc social ont un revenu mensuel de plus de 11 000 euros, révèle une étude de l’Onpes. Les deux tiers de ces ménages sont logés en Île-de-France, où la demande en HLM est particulièrement forte.

378 000 ménages aisés étaient logés en HLM à la fin de l’année 2007, rapporte lundi La Tribune, d'après une étude réalisée par l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes). Les familles en question appartiennent aux trois déciles les plus élevés de l’échelle des revenus, et disposent donc d’au moins 5 300 euros par mois si elles ont un enfant, et de 6 400 euros lorsqu’elles en comptent deux. Pas vraiment le type de locataires qu’on s’attend à trouver dans le parc social… Plus de la moitié de ces ménages (207 000) sont logés en Île-de-France, région où la situation du logement est particulièrement tendue.

11 200 euros par mois

Plus édifiant encore : le quotidien indique que 53 000 de ces familles appartiennent au dixième et dernier décile, avec un revenu disponible mensuel d’au moins 11 200 euros (13 500 euros avec deux enfants). « En d’autres termes, [à] Paris [où on recense le tiers de ces familles, NDLR], 31,4 % des locataires du parc locatif social […] comptaient à la fin 2007 parmi les 30 % des ménages les plus riches de France », écrit La Tribune. Et si ces chiffres ont trois ans, « il est à craindre que la situation n’ait pas évolué » depuis…

« Semblant de mixité sociale »

Interrogé par le quotidien sur les raisons d’un tel état de fait, Thierry Repentin, le président de l’Union sociale pour l’habitat (USH), évoque « le fruit d’une situation ancienne », ces personnes ayant « intégré les HLM à un moment où leurs revenus étaient bien moins élevés. Or la loi impose le maintien dans le logement social », précise le dirigeant. La volonté des pouvoirs publics de conserver « un semblant de mixité sociale » dans les zones urbaines sensibles peut, par ailleurs, avoir facilité le maintien dans le parc social de personnes dépassant, parfois largement, les plafonds de ressources. « A Paris, la présence de nombreux locataires aisés en HLM tient aussi au fait que la capitale connaît une envolée des prix immobiliers, bien supérieure au niveau de vie de nos concitoyens », ajoute Thierry Repentin.

La situation semble pourtant difficilement tenable : 1,2 million de ménages pauvres ou modestes sont actuellement sur liste d’attente pour entrer dans le parc social. A noter que la loi du 25 mars 2009, dite loi de mobilisation pour le logement et contre l’exclusion, a instauré l’application automatique d’un surloyer de solidarité (SLS) pour les locataires du parc social dépassant de 20 % les plafonds de revenus. « Mais ce dispositif n’est pas assez dissuasif pour les plus riches, car [le texte a dans le même temps] introduit un plafond du SLS pour ces catégories les plus aisées », déplore le dirigeant de l’USH. Un nouvel outil récemment mis en place permet de limiter à trois ans la durée du bail des locataires dont les revenus sont deux fois plus importants que les plafonds d’accès, mais « nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour en apprécier l’efficacité », précise Thierry Repentin.

Emmanuel Salbayre