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À deux semaines de la fin de la trêve hivernale, le retour à la rue de milliers de SDF et migrants inquiète

Sans-abri, migrants : inquiétudes pour l'hébergement à la sortie de la trêve hivernale

Sans-abri, migrants : inquiétudes pour l'hébergement à la sortie de la trêve hivernale - Kenzo Tribouillard - AFP

Le 31 mars, la trêve hivernale va prendre fin et les centres d'hébergements d'urgence vont fermer leurs portes. Des milliers de personnes vont alors se retrouver sans solution pérenne de logement.

À deux semaines de la fin de la trêve hivernale, "l'angoisse du retour à la rue" a repris pour les milliers de SDF et de migrants dans les centres d'hébergement d'urgence qui fermeront leurs portes à la fin de l'hiver. Selon les associations qui alertent sur l'urgence de la situation, au moins 8.000 sans domicile sur tout le territoire et 1.500 migrants en Ile-de-France risquent ainsi d'être remis à la rue à partir du 31 mars.

L'État a débloqué plus de 14.000 places d'hébergement d'urgence sur toute la France et 7.600 en Ile-de-France dans le cadre du plan hivernal. Avec la fin de la trêve, tous ne pourront pas retrouver une place dans les dispositifs pérennes. "La fermeture de ces capacités d'accueil, dans un contexte de saturation extrême de l'hébergement et de l'accès au logement provoquerait des remises à la rue massives de personnes en situation de grande exclusion et la multiplication de campements indignes dans les grandes villes", met en garde le directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) Florent Gueguen.

Le 115 saturé

Symptôme de cette saturation, à Paris, le 115 (numéro d'urgence pour les sans-abri) a actuellement un taux de réponse de seulement 21%. "Cela veut dire qu'il faut nous appeler cinq fois avant de nous avoir", explique le président du Samu social Eric Pliez, qui exprime lui aussi son "inquiétude".

La FAS craint la fermeture de 5.470 places d'hébergement pour les sans-abri, dont la majorité en Ile-de-France, dès début avril, selon les remontées de terrain de la fédération qui regroupe 800 associations. Pour les migrants, la situation risque d'être aggravée en Ile-de-France par l'intégration des Centres d'hébergement d'urgence pour migrants (CHUM) dans le dispositif national d'asile placé sous la houlette du ministère de l'Intérieur.

Cette transformation, qui répond à des objectifs de rationalisation du parc d'hébergement, doit, elle aussi, être bouclée le 31 mars et menace, selon la FAS, de remettre à la rue 20% des plus de 8.000 migrants hébergés, qui ne répondront plus aux critères de ces centres censés abriter uniquement des demandeurs d'asile. "Que vont devenir les déboutés, les migrants dublinés (les migrants déjà enregistrés dans un autre pays d'Europe, NDLR) censés repartir vers un autre pays européen ?", s'interroge le directeur général d'Emmaüs Solidarités Bruno Morel. "On va ramener d'autres publics vers le logement d'urgence généraliste au moment même où des places ferment".

"Pas de remise à la rue sèche" de personnes migrantes

Interrogé par l'AFP, le ministère du Logement a assuré qu'"une attention particulière est portée pour qu'il n'y ait pas de remise à la rue sèche" de personnes migrantes. Selon un décompte mené mercredi par France terre d'asile, entre 731 et 1.377 migrants dorment déjà dans les rues de Paris. "La fin de la trêve hivernale va signifier la hausse des personnes à la rue. Le phénomène n'est pas nouveau, il faut que le gouvernement agisse", a estimé l'association sur Twitter.

"On va perdre les places hiver, mais on va perdre également énormément de places en logement intercalaire", explique Eric Pliez. Selon les associations, un grand nombre de places d'hébergement installées dans des immeubles mis à disposition avant une reconversion immobilière devront être rendues dans la même période, aggravant la situation de l'hébergement.

Les associations, qui ont rencontré le ministre du Logement Julien Denormandie, réclament comme chaque année "la pérennisation d'un maximum de places d'hébergement". Le parc pérenne compte aujourd'hui plus de 130.000 places d'hébergement pour les sans-abri dans toute la France. "Il y aura une pérennisation d'un certain nombre de places, un arbitrage est actuellement en cours", a déclaré à l'AFP le ministère du Logement, qui doit annoncer un chiffre la semaine prochaine. En 2018, 5.000 places d'hébergement d'urgence avaient été pérennisées sur les 13.000 places ouvertes pendant l'hiver. Cette année-là, 566 sans domicile, tous publics confondus, sont morts de la rue en France, contre 511 en 2017, selon le collectif Les morts de la rue, qui recense chaque année ces décès.

(Avec AFP)

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