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Action Logement, un géant des HLM très rentable et assis sur 83 milliards d'euros d'actifs

Action Logement dévoile ses résultats pour la première fois

Action Logement dévoile ses résultats pour la première fois - Mehdi Fedouache - AFP

Pour la première fois depuis 1953, Action Logement a publié ses résultats. Le groupe a dégagé l'an dernier 8,5 milliards de revenus et 1,15 milliard de bénéfice net.

C'est la "fin de l'argent qui dort" pour un patrimoine évalué à plus de 80 milliards d'euros. L'organisme paritaire Action Logement, géant du logement social, affiche ses capacités et ses ambitions au moment où ses relations se tendent avec l'État. "Ces chiffres ont un sens mais surtout une utilité", a assuré lundi Bruno Arcadipane, président du conseil d'administration d'Action Logement, en détaillant les premiers résultats de l'histoire de l'ex-1% Logement, créé en 1953 et géré de concert par le patronat et les syndicats. Ils témoignent de l'importance du statut d'Action Logement, non seulement en tant qu'acteur du logement social - il détient près d'un cinquième des HLM français - mais aussi du logement en général.

Le groupe est assis sur un patrimoine de 83 milliards d'euros - dont 55 milliards pour les seuls actifs immobiliers -, et a dégagé l'an dernier 8,5 milliards de revenus et 1,15 milliard de bénéfice net. À titre de comparaison, le premier groupe immobilier privé français, Nexity, n'a enregistré qu'un chiffre d'affaires de moitié et un bénéfice d'un tiers. Action Logement, qui a engagé voici quelques années une réforme destinée à le transformer en groupe plus classique, est, de fait, une béquille régulière de la politique publique du logement.

Plan de 9 milliards d'euros

Il a notamment annoncé début 2019 un plan de 9 milliards d'euros afin d'améliorer de diverses manières - rénovation, construction, aide à la mobilité - le logement des salariés. Les premières mesures doivent être mises en oeuvre en septembre. Quand le gouvernement a réduit en début d'année les économies demandées à l'ensemble du monde HLM, c'est aussi Action Logement qui a été mis à contribution - quelque 300 millions d'euros prévus par an - pour compenser l'essentiel du manque à gagner pour l'État.

Avec les chiffres donnés, "il me semble que vous disposez maintenant de (réponses à) la question qui nous est régulièrement posée, d'abord par les gouvernements successifs: (...) la gestion paritaire est-elle efficace?", s'est félicité Bruno Arcadipane. L'argument n'est pas innocent dans le contexte: les relations du groupe se sont récemment tendues avec l'Etat, qui fait partie de son conseil d'administration.

Début juin, Action Logement avait décidé de remplacer son directeur général, Bruno Arbouet, par Koumaran Pajaniradja, à la tête de la branche immobilière du groupe et venu du cabinet du ministre du Logement, Julien Denormandie. Mais, dans deux courriers relayés par le Figaro, les administrateurs de l'État ont à la fois protesté contre le montant des indemnités de départ de Bruno Arbouet et les conditions de désignation de Koumaran Pajaniradja. Dans ce contexte, le groupe a finalement annoncé fin juin le maintien de Bruno Arbouet.

"Quelques débats internes"

"Nos relations avec l'Etat sont essentielles", a assuré Bruno Arcadipane. "L'actualité récente a relayé quelques débats internes: (...) nous sommes un partenaire engagé, loyal et respectueux, (...) mais nous attendons en retour de l'État le même respect et la même confiance". Assurant que les relations sont excellentes avec Julien Denormandie, le président d'Action Logement a, pour autant, vite appelé à "tirer un trait" sur l'épisode pour se concentrer sur les chiffres du groupe, vite rejoint par Bruno Arbouet.

"La confiance a été renouvelée, mon mandat se poursuit", a éludé le directeur général. "Nous avons eu un certain nombre de débats internes et de débats avec l'État". Mais "l'important, c'est que nos missions sociales puissent se déployer et que nous puissions mettre en oeuvre les engagements (...) signés avec l'État", a-t-il enchaîné.

À ce titre, le groupe se prépare à un changement profond de culture en mettant "fin à l'argent qui dort", selon les termes de Bruno Arbouet, qui souligne le niveau particulièrement élevé de la trésorerie disponible: huit milliards d'euros. "Si cette ressource dort, l'État sera légitime à dire Utilisons-la à nos propres fins", a-t-il admis. Le groupe va donc, pour la première fois, emprunter sur les marchés, pour mettre en oeuvre son plan d'investissement, et sera donc évalué par les agences de notation. Il compte faire doubler son ratio d'endettement d'ici à 2023. "Les résultats ne sont pas une fin en soi", a conclu Bruno Arbouet. "Ils crédibilisent les marges de manoeuvre dont nous disposons".

(Avec AFP)

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