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Après de longs débats, l'amendement pour faciliter l'expulsion des squatteurs a été adopté

Les députés votent un nouveau dispositif antisquatteurs

Les députés votent un nouveau dispositif antisquatteurs - GregMontani - Pixabay

Le texte a été adopté par 37 voix contre une. Il fait partie du projet de loi "d'accélération et de simplification de l'action publique" (Asap).

Les députés ont adopté ce vendredi un dispositif simplifiant l'expulsion de squatteurs d'une résidence secondaire, après de longs débats entre partisans de la "protection du droit de propriété" à droite et mise en garde à gauche contre une "frénésie anti-squats". Ce texte a été adopté par 37 voix contre une. Il fait partie du projet de loi "d'accélération et de simplification de l'action publique" (Asap), un document fourre-tout destiné à simplifier démarches et quotidien des administrations, entreprises et particuliers.

La disposition adoptée prévoit de modifier la loi de 2007 sur le droit au logement opposable (Dalo) en étendant la notion de "domicile", en ajoutant: "qu'il s'agisse ou non de sa résidence principale". Une fois le squat découvert et les faits dénoncés aux forces de l'ordre, le propriétaire du logement, ou ses ayant-droits, saisira le préfet, qui aura 48 heures pour répondre avant de mettre en demeure le ou les squatteurs de quitter les lieux.

>>> A lire : notre dossier sur les droits des propriétaires face aux squatteurs.

Agir rapidement

Cette procédure administrative doit permettre d'agir plus rapidement pour obtenir une expulsion qu'un recours par voie de justice, qui peut prendre des mois voire des années. La procédure concerne toute résidence secondaire, pied-à-terre, etc, mais pas les occupations illégales de terrains nus, cabanons, ou bâtiments en ruine qui relèvent toujours d'une procédure par voie de justice.

La saisine du préfet peut aussi être faite par des représentants du propriétaire, une précision introduite en séance vendredi pour aider notamment les personnes âgées ou dépendantes qui ne pourraient pas effectuer les formalités. Les peines encourues par les squatteurs ont aussi été triplées à l'initiative du rapporteur Guillaume Kasbarian (LREM): trois années d'emprisonnement au lieu d'une, et 45.000 euros d'amende au lieu de 15.000. Soit plus qu'un propriétaire qui voudrait expulser lui-même un squatteur : selon l'article 226-4-2 du Code pénal, "le fait de forcer un tiers à quitter le lieu qu'il habite sans avoir obtenu le concours de l'Etat dans les conditions prévues à l'article L. 153-1 du code des procédures civiles d'exécution, à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contraintes, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende".

"Trop de droits donnés aux squatteurs et pas assez aux propriétaires"

Ce sujet est revenu sur le devant de l'actualité avec le cas cet été de retraités lyonnais qui ont vu leur propriété de Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes) occupée. D'autres affaires de ce genre ont également trouvé un large écho médiatique. Ce texte "permet de réparer l'injustice criante que nombre de nos concitoyens ont à vivre" quand ils sont victimes de squatteurs, a souligné la "marcheuse" Sophie Beaudouin-Hubière (LREM), ajoutant que "le squat n'est pas, et ne sera jamais, un droit au logement".

A droite, Les Républicains ont cherché à étendre le dispositif à toute forme d'occupation illégale d'un bien immobilier, au nom du droit de propriété. Il y a actuellement "trop de droits donnés aux squatteurs et pas assez aux propriétaires", a affirmé Eric Ciotti (LR). Son collègue Julien Aubert a souligné que les "premières victimes" des squatteurs étaient souvent des retraités ou des personnes aux revenus modestes, "des gens qui n'ont pas grand-chose". Le rapporteur a toutefois indiqué que le nouveau dispositif visait à répondre à des "situations exceptionnelles où des personnes ne peuvent pas rentrer chez elles", et que l'étendre à toute sorte de bien immobilier pourrait conduire à des "dérives".

A gauche, communistes et Insoumis ont dénoncé la mise en avant de cas de squats "montés en épingle", et fait valoir que le problème de fond était avant tout celui des personnes sans logement ou mal logées. Loïc Prud'homme (LFI) a appelé à "ne pas hystériser le débat sur des questions de droit de propriété" quand "des gens sont en train de crever dehors" faute de logement. Les Insoumis se sont également inquiétés de l'élargissement des d'expulsions "sans passer par un juge", une préoccupation également émise par le syndicat de la magistrature (SM) et le syndicat des avocats de France (SAF). Le collectif Droit au logement (DAL) avait organisé un rassemblement mardi à proximité du Palais Bourbon pour dénoncer une "frénésie anti-squats".

Avec AFP

D. L.