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Balcon effondré à Angers: vers le renvoi en correctionnelle de 5 professionnels de l'immobilier

La chute d'un balcon en 2016 avait fait quatre morts

La chute d'un balcon en 2016 avait fait quatre morts - AFP

La chute d'un balcon en 2016 avait entraîné la mort de quatre personnes et poussé le gouvernement à commander un rapport sur le sujet. Le parquet requiert le renvoi en correctionnelle des cinq personnes mises en examen.

Le parquet a requis mercredi le renvoi en correctionnelle des cinq personnes mises en examen après l'effondrement d'un balcon qui avait fait quatre morts et 14 blessés en 2016, lors d'une soirée étudiante à Angers. Dans la soirée du 15 octobre 2016, 18 jeunes avaient basculé dans le vide lors de l'effondrement du balcon d'un immeuble de la rue Maillé, dans le centre-ville d'Angers. Quatre d'entre eux, trois hommes de 21, 23 et 25 ans, ainsi qu'une jeune fille de 18 ans, avaient été tués.

En octobre 2018, cinq personnes avaient été mises en examen des chefs d'homicides involontaires et blessures involontaires, à savoir le responsable du cabinet d'architecture Rolland, maître d'œuvre dans la construction de cet immeuble en 1997, le chargé d'affaires de l'organisme de contrôle technique Apave, ainsi que le dirigeant de l'entreprise de maçonnerie et deux de ses salariés, un conducteur de travaux et un chef de chantier.

Des malfaçons dans l'exécution

"Le dossier montre divers manquements assez importants dans la construction des balcons qui, au lieu d'être montés avec les étages, ont été montés après coup pour gagner du temps. Ce n'est pas interdit, mais les règles d'art n'ont pas été respectées ce qui a engendré des malfaçons", a indiqué à l'AFP le procureur de la République d'Angers, confirmant une information de Ouest-France.

"Le dossier a également établi des malfaçons dans l'exécution, notamment la hauteur des ferraillages coulés dans le béton armé qui n'a pas été respectée et qui conditionne la stabilité. Cela fait beaucoup d'erreurs", a-t-il ajouté.

Les victimes mises hors de cause

Les 18 victimes sont quant à elles mises hors de cause, le balcon ayant été conçu pour supporter un poids équivalant à deux fois plus de personnes.

La chambre de l'instruction doit encore se prononcer le 19 mai sur un appel formé par les mis en cause qui demandent des actes complémentaires d'enquête sur la responsabilité du syndic dans le drame.

Les balcons en béton les plus concernés par des défauts

Ces dernières années, plusieurs accidents graves, et en particulier celui d'Angers, ont poussé le gouvernement à commander un rapport à l'Agence qualité construction (AQC) sur la solidité des balcons. Ce dernier, publié en novembre 2019, avait montré que plus de 90% des balcons concernés par des défauts (à partir d'un échantillon de 192 dossiers présentant des problèmes de 1996 à 2018) sont des balcons en béton, autrement dit des constructions récentes.

Les défauts les plus courants sont liés à l'étanchéité, dans près de 60% des cas. Les atteintes à la solidité (toujours parmi ces dossiers présentant des défauts) affectent 15% des rapports.

Les chutes de balcon restent extrêmement rares, mais elles ont eu tendance à se multiplier ces dernières années. Selon ce rapport, "les cas pathologiques d'effondrement, de menaces d'effondrement et de chutes d'éléments de balcons" sont au nombre de 67 (dont 41 cas d'effondrement) sur 15 ans entre 2004 et 2019. Soit 4,5 fois par an en moyenne.

(Avec AFP)

J.L. D.