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Ces habitants d'un écoquartier de Rouen paient des milliers d'euros de chauffage par an

L'écoquartier Luciline à Rouen

L'écoquartier Luciline à Rouen - Google Street View

La facture de chauffage et d'eau chaude a explosé pour certains habitants d'un écoquartier de la ville normande. La mise en place d'un réseau de chaleur devait pourtant à l'origine permettre aux habitants de réaliser des économies.

Une énergie plus propre et moins chère. Sur le papier, la mise en place d’un réseau de chaleur pour un écoquartier de Rouen avait tout pour plaire. Mais dans la pratique, la facture a explosé pour les habitants, comme le rapporte ce lundi France Bleu.

Ainsi, un occupant concerné explique avoir payé 9.000 euros pour l'eau chaude et le chauffage en deux ans (soit 375 euros par mois) pour un appartement de 110 m2. Un autre, qui a acheté un 62 m2 en octobre 2020, doit payer 650 euros sur le trimestre pour le chauffage et l’eau chaude (ce qui représente près de 217 euros par mois). Une autre résidente indique de son côté payer 2.500 euros par an, soit 208 euros par mois. "Tous ces chiffres ont été vérifiés sur les factures des habitants par France Bleu Normandie", précise la radio publique.

Utiliser la chaleur naturelle

Des factures exorbitantes liées au mode de chauffage collectif de certains immeubles du quartier Luciline à l'ouest de Rouen. Ces derniers sont en effet reliés à un réseau de chaleur, qui fonctionne via des puits de forage et des pompes à chaleur. Il s'agit d'utiliser la chaleur naturelle pour chauffer les habitations, en l'occurrence ici "les calories de la nappe d’accompagnement de la Seine, dont l’eau présente une température constante de l’ordre de 14,5 °C", indique un rapport de 2012 disponible sur le site de la mairie. Le reste de l'énergie nécessaire pour chauffer est apporté par du chauffage au gaz. Les radiateurs des résidents ne sont donc pas électriques mais reliés à ce réseau.

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Il s'agit d'une délégation de service public mise en place par le biais d'une concession sur 25 ans. La mairie de Rouen a signé un contrat en ce sens le 13 juillet 2012 avec Cofely, une filiale d'Engie. Cofely a donc mis en place le réseau de chaleur et l'exploite. Les résidents, eux, n'ont pas d'autre choix que de passer par ce fournisseur.

Une facture qui a dérapé par rapport aux prévisions

À l'époque, cela devait permettre aux résidents de réduire les coûts. "L’économie pour un appartement de type F3 de 70 m2 (> 60 m2 normes HLM) a été estimée à 22,2 % par rapport à un chauffage individuel gaz et à 15,6 % par rapport à un chauffage collectif gaz. Le coût annuel estimé est de l’ordre de 715 € par an incluant la production d’ECS" (eau chaude sanitaire), prévoyait ainsi le rapport précité de 2012. "La charge de chauffage-ECS reviendra donc à moins de 60 euros par mois pour un mode de chauffage peu émetteur de GES (gaz à effet de serre, NDLR). En outre, l’évolution de cette charge sera très inférieure à celles résultant du recours à des énergies fossiles (l’eau de la nappe de la Seine devrait rester abondante et gratuite)", promettait encore le rapport.

Cependant, la facture finale pour les consommateurs a totalement dérapé. En outre, certains abonnements pour le chauffage seraient beaucoup trop importants par rapport aux besoins réels des habitants, comme le précise à France Bleu Pierre-Emmanuel Brunet, habitant du quartier et président de l'association Rouen Respire.

Interrogé par France Bleu, Cofely rappelle que les tarifs appliqués sont ceux prévus dans un contrat de 2013 et qu'ils n'ont pas bougé depuis cette date. L'entreprise sous-entend par ailleurs que le problème pourrait venir du réseau interne aux immeubles concernés, et non de son propre réseau. Marie Atinault, vice-présidente de la métropole de Rouen, en charge des transitions et innovations écologiques et des déchets, reconnaît de son côté "des charges trop élevées et des défaillances". Elle va demander un audit indépendant d'ici la mi-mai 2021 pour identifier l'origine du problème.

J.L. D.