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Dans la métropole de Rennes, les HLM semblables ont désormais le même loyer

Mairie de Rennes

Mairie de Rennes - AFP

Les 43 communes de Rennes métropole expérimentent depuis septembre le loyer unique dans 30.000 logements sociaux.

Afin de privilégier une mixité sociale, Rennes Métropole a instauré un loyer unique pour ses 30.000 logements sociaux, une expérimentation inédite mais dont le mécanisme va tendre vers une augmentation des loyers à court terme. Depuis septembre, le loyer d'un nouveau locataire est identique pour un T3 dans le centre-ville de Rennes, à Chartres-de-Bretagne, ou dans les 43 communes que comptent la Métropole.

"Une fausse bonne idée", déclarent à l'unisson, les associations Consommation Logement Cadre de vie (CLCV) et la Confédération nationale du logement (CNL). "Pour pouvoir avoir un loyer unique, il va y avoir des immeubles dont le loyer va baisser dans le centre-ville, pour permettre à toutes les populations d'y accéder mais les bailleurs ne voudront pas perdre le manque à gagner et vont augmenter des loyers qui sont plus bas", dénonce Yasmina Héligon, vice-présidente de CLCV de Rennes.

Rennes Métropole, qui reconnaît qu'il y aura une hausse des loyers, précise cependant que celle-ci sera contenue et qu'elle évitera l'augmentation que le bailleur peut appliquer à chaque relocation, plafonnée à 5%.

Concentration de la pauvreté dans les attributions

"Plus un ménage a des revenus faibles, plus il va être orienté vers Maurepas, Villejean ou Le Blosne qui sont des quartiers pour lesquels il y a déjà des difficultés importantes et donc on arrive à des quartiers monotypés où on ne peut plus assurer cette mixité dont ils ont besoin pour fonctionner", justifie la maire PS de Rennes, Nathalie Appéré.

Ces quartiers sont des "assignations à résidence" où "80% des attributions se font à des gens qui touchent la moité du seuil de pauvreté", poursuit l'édile dont la commune s'est engagée à construire 1.000 logements sociaux neufs sur la période 2015-2020.

A Rennes comme dans l'ensemble du parc HLM français, "il existe de grandes disparités dans ses loyers", indique Mme Appéré. "Le niveau de loyer dans le logement social est lié aux financements et aux années de construction", précise l'élue. Pour briser cette hétérogénéité, Rennes Métropole expérimente donc le "loyer unique", un dispositif qui s'inscrit dans la loi Égalité et citoyenne (2016).

Un processus qui doit prendre 5 à 10 ans

"Ce ne sont pas aux locataires les moins pauvres, de payer pour les plus pauvres, pour que les plus pauvres puissent accéder à tout type de logement", s'insurge Mme Héligon. "La solidarité doit être nationale".

La seconde préoccupation des associations concerne l'avenir des aides au logement. "Le loyer unique est fixé sur le maximum du plafond des APL. Avec la décision du gouvernement de baisser les APL, qui va payer la différence ? Jamais la Métropole ne va rebaisser les loyers", avertit Maguy Gaillard, présidente de la CLN 35. La maire de Rennes reconnaît la limite et précise que "ce n'est pas qu'avec le loyer unique que la mixité va advenir. Il faut rester humble". "Le processus va prendre énormément de temps", 5 à 10 ans, "le temps de rotation du parc HLM".

"On veut casser le mécanisme où si je suis une femme seule, sans revenu avec mes deux enfants, on va me proposer un quartier où je vais me retrouver avec d'autres mêmes femmes", insiste Mme Appéré, également présidente de l'Office public de l'habitat. Et de préciser que "le loyer est un obstacle pour accéder à certains logements mais n'est pas pour autant un gage d'attractivité".

Pour attirer les locataires sur l'ensemble de son parc de logement social, y compris dans les quartiers ayant actuellement une mauvaise image, la ville s'est donc lancée dans un plan de rénovation urbaine dont la facture s'élève à 516 millions euros, partagée avec les bailleurs sociaux .

(AFP)

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