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Dans les grandes villes, un propriétaire sur trois renonce aux locations Airbnb ou va le faire rapidement

1 propriétaire sur 3 renonce aux locations de courte durée

1 propriétaire sur 3 renonce aux locations de courte durée - Lionel Bonaventure - AFP

Une étude de PAP montre que, parmi les propriétaires interrogés qui louaient jusqu'ici leur bien à des touristes, 9% d'entre eux ont arrêté de faire de la location saisonnière depuis le début de la crise sanitaire. Et 24% sont certains d'y renoncer également dans un proche avenir. Airbnb réagit.

Les locations type Airbnb n'ont plus le vent en poupe. Une étude* de PAP publiée ce mardi montre qu'un propriétaire sur trois qui fait de la location saisonnière dans les grandes villes se détourne, ou est en passe de le faire, de la location pour de courts séjours touristiques. Ainsi, parmi les bailleurs particuliers interrogés qui ont loué un bien pour de courts séjours dans une grande agglomération au cours des six derniers mois, 9% ont arrêté en raison des effets de la crise sanitaire et 24% assurent être certains de le faire "dans un proche avenir".

En outre, 21% des sondés se posent la question compte tenu de la durée de la crise sanitaire et 9% sont indécis. Ainsi, seulement 37% des propriétaires interrogés sont décidés à continuer la location saisonnière via des plateformes comme Airbnb ou Abritel.

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Les propriétaires de biens parisiens davantage touchés par la crise

L'étude montre une nette différence dans les réponses si le bien est situé en Ile-de-France ou en province. PAP remarque que dans le premier cas, 12% des propriétaires ont déjà retiré leur bien des plateformes contre 6% dans le second cas. Et 26 % sont certains d’arrêter dans un proche avenir en région parisienne, contre 21% dans les autres agglomérations. De même, 25% se posent la question d'arrêter prochainement en Ile-de-France contre 19% pour la province. "A l’opposé, on retrouve également des différences chez ceux qui, pour l’heure, envisagent de continuer à louer de cette façon: 29% déclarent vouloir continuer pour l’agglomération parisienne contre 45% pour les autres agglomérations françaises", constate PAP.

Une différence Ile-de-France - province qui s'explique par le fait que Paris est davantage touché par la chute des réservations qui étaient alimentées tant par le tourisme international que par le tourisme d’affaire. Cela s'explique aussi par le fait que "Paris ne bénéficie pas du report des séjours de la clientèle française, comme cela a pu être le cas au cours de l’été 2020, dans d’autres agglomérations françaises, notamment Nice, Toulon, Marseille, Montpellier, Bordeaux mais aussi Toulouse ou Strasbourg", juge le site de petites annonces entre particuliers.

Un manque de réservations

Si le manque de réservation est invoqué dans 64% des cas par ceux qui ont arrêté de faire ce genre de location de courte durée, vont le faire prochainement ou se posent la question de poursuivre ou non cette activité, ce n'est pas la seule raison. "La crise sanitaire s’ajoute à une série d’autres problèmes. Ainsi, la complexité logistique est évoquée par 42% des propriétaires, tandis que les contraintes réglementaires sont évoquées par 39% d’entre eux. Les dégradations, enfin, sont évoquées par 27% des propriétaires", note PAP.

Or, une majorité de biens ont été acheté à crédit (pour 56% des propriétaires de l'échantillon). Pour ces bailleurs, il est donc essentiel de continuer à encaisser des revenus fonciers pour rembourser leur prêt.

La location meublée largement privilégiée

D'ailleurs, parmi "les propriétaires qui ont arrêté, envisagent de le faire prochainement ou se posent la question de poursuivre", 73% d'entre eux déclarent avoir remis leur bien ou vouloir le remettre sur le marché locatif de longue durée, dont 70% en location meublée. Autrement dit, seulement 3% envisagent de relouer leur appartement ou leur maison en location vide classique. Il faut dire que la location meublée permet souvent de louer plus cher au mètre carré, tout en bénéficiant d'un statut fiscal plutôt avantageux (le LMNP). Autre option: la mise en vente du bien, qui est choisie par 6% de ces propriétaires. Enfin, 21% d'entre eux préfèrent récupérer le bien pour leur usage personnel.

Ces données viennent en tout cas confirmer d'autres études allant dans le même sens et soulignant un boom de l'offre locative, notamment avec l'arrivée sur le marché de biens qui étaient autrefois dévolus à la location saisonnière. Depuis le déconfinement, l'offre de location a ainsi bondi de près de 25% sur un an, selon des données de SeLoger publiées fin août. La demande, elle, n'a progressé "que" de 15% sur la même période.

Airbnb réagit

De son côté, Airbnb précise que le nombre d’annonces sur Airbnb à Paris a augmenté entre juin 2020, début de la période de déconfinement, et juillet 2020, et par rapport à janvier 2020, alors que la pandémie mondiale de la COVID-19 n’avait pas été déclarée. Par ailleurs, les réservations pour des annonces proposant des séjours longue durée ont également augmenté entre juin et juillet 2020.

"Il n’existe donc pas, sur notre plateforme, de phénomène de désactivation massif au profit de la location de longue durée traditionnelle. L’augmentation du nombre de biens disponibles aux mois d’août et de septembre sur le marché de la location longue durée résulte donc d’autres facteurs. Elle peut notamment s’expliquer par un effet rentrée", constate Airbnb qui avance une explication : "La location longue durée a subi un coup d’arrêt pendant le confinement. Selon des informations publiées par SeLoger au mois de juin, '81 % des propriétaires bailleurs ont vu leurs projets locatifs affectés (32 % des projets ont connu des retards dans leurs démarches, 31 % ont été reportés et seuls 4 % ont été annulés) par la crise Covid-19'. Il est possible que des loueurs qui souhaitaient mettre en location longue durée leur bien au mois de mars et n’avaient pas pu le faire, aient pris la décision de les remettre sur le marché pour la rentrée".

*Enquête réalisée par PAP entre 8 et le 18 septembre 2020 auprès de 2.348 investisseurs, inscrits à la newsletter d’informations juridiques de PAP et qui indiquaient avoir pratiqué la location touristique au cours des 6 derniers mois dans une agglomération française (Paris / Ile-de-France, Lyon, Marseille / Aix-en-Provence, Bordeaux, Lille, Toulouse, Montpellier, Nice, Toulon, Nantes, Strasbourg, Grenoble, Rouen, Rennes, Avignon, Saint-Etienne, Tours).

Diane Lacaze