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Étretat veut à son tour limiter les locations Airbnb

Le succès d'Airbnb inquiète les édiles d'Etretat.

Le succès d'Airbnb inquiète les édiles d'Etretat. - Joel Saget - AFP

La petite ville de Normandie a enregistré des records de réservations sur la plateforme. La mairie réfléchirait à limiter le nombre de nuitées.

La ras-le-bol anti-Airbnb a gagné les édiles d'Étretat. Pour la Toussaint, une dizaine de petites villes françaises ont atteint des records de réservation sur la plateforme, selon une information du JDD. Et c'est notamment le cas de cette petite localité de Seine-Maritime, en Normandie, qui comptait en 2015, selon le dernier recensement de l'Insee, 1.388 âmes. Or, de l'automne 2017 à l'automne 2018, les réservations sur Airbnb y ont bondi de 64%.

Sur Dataville, le site d'Airbnb qui regroupe les données de la plateforme de location saisonnière ville par ville, il existe à Étretat 80 annonces disponibles pour 8.000 voyageurs accueillis sur un an. Une aubaine pour les hôtes puisqu'en 2017, Étretat était la troisième commune de France qui rapporte le plus d'argent, avec 10.000 euros par an et par hôte en moyenne. Elle se situe juste derrière Arbonne-la-forêt en Seine-et-Marne (11.200 euros) et Alex en Haute-Savoie (10.700 euros).

Difficultés pour se loger

Si ces hordes de touristes font donc le bonheur des propriétaires qui louent leur logement, cela porte également préjudice à cette petite ville. Les hôtels dénoncent cette concurrence qu'ils considèrent comme déloyale, la surfréquentation des falaises pose des problèmes écologiques et la municipalité a dû mettre en place une brigade spéciale pour empêcher les touristes de s'approcher de trop près du bord des falaises. Mais surtout, il devient en effet compliqué pour les habitants de se loger, l'offre se raréfiant.

Pour une location classique à Etretat, le loyer au mètre carré atteint 9,98 euros en moyenne, selon les chiffres de SeLoger. Pour MeilleurAgents, le loyer mensuel moyen est plutôt de 8,1 euros par mètre carré. Ainsi, un propriétaire qui veut mettre en location son appartement de 70 mètres carrés gagnera entre 6.800 et 8.400 euros par an. Soit de 15% à 30% de moins qu'en louant via Airbnb.

Le risque est donc de voir les familles s'éloigner, entraînant des fermetures d'écoles et de commerces de proximité, affirme à L'Express Pierre-Antoine Dumarquez, premier adjoint au maire et président de l'Office du tourisme.

120 nuitées par an

La mairie réfléchit donc à imiter des villes comme Paris et imposer un cadre et des limites. Mais pour l'instant, la législation n'autorise des restrictions (déclaration préalable, numéro d'enregistrement, obligation de changement d'usage pour les résidences secondaires...) que pour les communes de plus de 200.000 habitants ou celles appartenant à une zone urbaine de plus de 50.000 habitants. Par ailleurs l'article 51 de la loi Elan qui vient d'être adoptée précise que "dans les communes ayant mis en œuvre la procédure d’enregistrement de la déclaration préalable (...), toute personne, qui offre à la location un meublé de tourisme qui est déclaré comme sa résidence principale à une clientèle de passage qui n’y élit pas domicile, ne peut le faire au-delà de 120 jours au cours d’une même année, sauf obligation professionnelle, raison de santé ou cas de force majeure".

C'est justement cette limite de 120 nuitées par an que souhaiterait mettre en place la municipalité d'Étretat. La commune pourrait donc demander à intégrer la communauté d'agglomération havraise. Le Havre comptait 172.366 habitants au dernier recensement et l'intercommunalité, qui regroupe 17 communes, comportait 236.133 habitants.

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Diane Lacaze