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Habitat indigne à Marseille: la ministre du Logement constate “l'ampleur du chemin à parcourir”

Le drame de la rue d'Aubagne

Le drame de la rue d'Aubagne - Loic Venance - AFP

Emmanuelle Wargon était en visite à Marseille. Elle y a notamment rencontré les représentants de plusieurs collectifs engagés dans la lutte contre l'habitat insalubre.

La ministre du Logement Emmanuelle Wargon a constaté à Marseille "l'ampleur du chemin à parcourir" pour résorber l'habitat indigne dans la deuxième ville de France, "la partie immergée de l'iceberg" étant remonté à la surface avec le drame de la rue d'Aubagne. Rencontre avec les représentants de plusieurs collectifs engagés dans la lutte contre l'habitat insalubre, à la Préfecture, puis visite sur place, rue d'Aubagne, là où huit personnes avaient perdu la vie dans l'effondrement de deux immeubles le 5 novembre 2018, et enfin longue visite d'une copropriété privée dégradée: "Je suis venue réaliser ce qui a déjà été fait et l'ampleur du chemin encore à parcourir", a expliqué la ministre.

Sans dissiper totalement le flou autour des montants engagés par l'Etat à Marseille dans la lutte contre l'habitat indigne, Emmanuelle Wargon a affirmé qu'"au total, on est au-dessus des 240 à 250 millions d'euros" avec l'Agence nationale de l'habitat (Anah) et l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru).

Une polémique était née en novembre 2019 quand une source au ministère du Logement avait expliqué à l'AFP que sur les 240 millions d'euros de l'Anah annoncés un an plus tôt par l'ancien ministre du Logement, Julien Denormandie, seuls 17 millions avaient été effectivement "payés ou engagés pour la rénovation de Marseille", le solde devant être versé "sur dix ans". Reconnaissant que "le problème majeur n'est pas l'accès au financement mais la capacité à déclencher vite les projets" qui peuvent en bénéficier, la nouvelle ministre du Logement a estimé qu'il fallait "retravailler sur ce processus" décisionnel et mieux faire travailler ensemble les différents acteurs impliqués.

Ne pas être là pour "faire pression"

Mais pas question pour l'Etat de forcer la main aux partenaires locaux, et notamment à la ville de Marseille, passée à gauche lors des dernières municipales, ou à la métropole, restée elle à droite, Emmanuelle Wargon estimant ne pas être là pour "faire pression". C'est sur ce point que les collectifs citoyens, désireux que l'Etat "pèse fortement et tape du poing sur la table", ont exprimé leur regret: "Le seul bémol, ce sont ces réponses de l'Etat conditionnées aux futurs échanges avec la ville et la métropole", a expliqué Emmanuel Patris, de l'association "Un centre ville pour tous", à l'AFP.

En visite à la Maurelette, une copropriété privée dégradée de 740 logements, dans le 15e arrondissement, la ministre a souligné l'engagement concret de l'Etat à Marseille, via notamment un Plan initiative copropriétés qui va permettre de réhabiliter 14 copropriétés privées à travers la ville. "On ne peut pas dire qu'il ne se passe rien", a-t-elle plaidé, évoquant aussi le "très gros" programme partenarial d'aménagement (PPA) avec la ville et la métropole "qui va permettre de réhabiliter jusqu'à 10.000 logements dans quatre îlots prioritaires", ou soulignant cette copropriété privée du 74 rue d'Aubagne "rénovée à 100% par l'Etat et qui sera livrée d'ici six mois".

Quant à la Société publique locale d'aménagement d'intérêt national (SPLA-IN) entre l'Etat, la ville et la métropole promise par Julien Denormandie pour juin 2019, puis la fin 2019, elle a enfin vu le jour, en juin, a confirmé l'entourage de la ministre à l'AFP. Cette structure, base du PPA, est dotée de 217 millions d'euros sur quinze ans, comme l'avait annoncé l'ancien ministre du Logement. Emmanuelle Wargon a enfin fait le point sur les délogés, ces 4.500 personnes évacuées de leurs logements suite à la vague d'arrêtés de péril pris par la ville après le drame de la rue d'Aubagne: si 3.000 sont relogés de façon définitive, 1.000 le sont encore de façon temporaire, et 500 sont encore à l'hôtel. Mais cette question va se poser durablement, de nouveaux arrêtés de péril concernant une centaine de nouvelles personnes étant pris chaque mois, a précisé la ministre.

Avec AFP

D. L.