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Jeudi Noir sera-t-il expulsé de la rue Matignon ?

Manuel Domergue, représentant du collectif Jeuni Noir

Manuel Domergue, représentant du collectif Jeuni Noir - dr

Le groupe Axa demande l'expulsion du collectif Jeudi Noir, qui occupe depuis fin décembre un immeuble appartenant une de ses filiales, dans le 8ème arrondissement de Paris. Le bâtiment est inoccupé depuis plus de trois ans.

Le collectif Jeudi Noir pourrait être expulsé du bâtiment qu’il occupe illégalement depuis le 27 décembre dernier avenue Matignon, dans le 8ème arrondissement de Paris. Contacté par LaVieImmo.com, le groupe Axa, propriétaire des lieux, a reconnu vendredi après-midi avoir demandé l’expulsion des squatteurs. « Nous sommes en train d’introduire un référé judiciaire via une requête auprès du Tribunal de grande instance de Paris », a indiqué un porte-parole du groupe, confirmant une information révélée par Rue89.

Hygiène et sécurité

Deux points ont incité l’assureur à prendre cette décision. Tout d’abord la nature du bâtiment, qui abrite quelques 4 000 mètres carrés de bureaux et n’est « pas destiné à être habité », a expliqué le représentant du groupe. « En tant que propriétaire, nous avons une responsabilité, notamment en matière d’hygiène et de sécurité ». La localisation de l’immeuble, à quelques pas du palais de l’Elysée, du ministère de l’Intérieur et de l’ambassade d’Israël, a également joué, reconnaît l’assureur, qui se dit « en constante relation avec les autorités ». Le groupe assure également être en contact les représentants de Jeudi Noir, dont il affirme comprendre les revendications. « Mais la situation dépasse largement les seuls intérêts d’Axa », a ajouté le porte-parole. La requête déposée auprès du tribunal devrait déboucher sur la nomination d’un huissier chargé de constater l’occupation des locaux, suite à quoi une assignation en référé pourra être délivrée. Un processus qui peut prendre « quelques heures comme quelques jours », précise le groupe.

« Réputation à défendre »

Manuel Domergue, représentant de Jeudi Noir se montrait pourtant confiant ce matin encore dans la possibilité de signer « une convention de bail précaire » avec Axa. Un document prévoyant que le collectif quitterait le bâtiment quand le groupe prévoirait d’y faire des travaux, du même type que celui qui avait été signé avec la mairie de Paris au moment de l’occupation de la rue de la Banque, fin 2007 « Axa a une réputation à défendre, nous confiait-t-il peu après l’annonce de l’occupation. Il me semble que le groupe a tout intérêt à trouver un accord à l’amiable avec nous plutôt que risquer de se lancer dans un procès qui lui rapporterait au mieux quelques centaines de milliers d’euros dont il n’a que faire ».

« Violation de domicile »

L’annonce de la décision d’Axa laisse donc un goût amer aux occupants. « Bien que nous n’ayons communiqué que ce matin, nous sommes entrés dans les lieux il y a une dizaine de jours, reprend Manuel Domergue. Lundi, nous avons même fait établir un procès-verbal d’huissier attestant de notre présence ». Une précaution prise pour se prémunir contre une expulsion sans préavis, possible uniquement en cas avéré de flagrant délit. « Une expulsion maintenant s’apparenterait à une violation de domicile, reprend le poorte-parole. Malheureusement, ça ne serait pas la première fois… ».

Qu’il soit expulsé ou pas, le collectif peut d’ores et déjà se féliciter d’avoir rempli une partie de l’objectif qu’il s’était assigné en investissant, moins de trois mois après son expulsion de l’immeuble qu’il occupait place des Vosges, dans le 4ème arrondissement de Paris. « Notre but est de rappeler au gouvernement la situation du mal-logement en France », nous confiait ce matin Manuel Domergue. « Il ne suffit pas de parler d’une France de propriétaires… Nicolas Sarkozy avait fait la promesse qu’il n’y aurait plus de SDF en France en 2009, nous sommes là pour le lui rappeler ».

Emmanuel Salbayre