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L'État épinglé par la Cour des comptes pour ses ventes de foncier public

La Cour des comptes critique les ventes de foncier public avec décote

La Cour des comptes critique les ventes de foncier public avec décote - Pascal Guyot - AFP

Ce dispositif devait permettre la "mise en chantier rapide de logements locatifs sociaux" grâce à la cession de terrains avec décote. Mais son efficacité, tout comme son coût, ont été pointés du doigt par la Cour des comptes.

"Peu efficientes", "complexes", coûteuses pour les finances publiques et pas assez contrôlées : la Cour des comptes épingle, dans un référé rendu public mardi, les cessions de foncier public avec décote en faveur du logement social. La loi dite de "mobilisation du foncier public" du 18 janvier 2013 permet à l’État et à certains établissements publics de vendre des terrains avec "décote", à des prix inférieurs à leur valeur, lorsqu'un projet de construction inclut des logements sociaux.

Dans un référé adressé au Premier ministre le 26 octobre 2017, la Cour des comptes évalue ce dispositif qui devait permettre la "mise en chantier rapide de logements locatifs sociaux", avec un potentiel chiffré à 110.000 logements sur 2012-2016. Il n'a au final abouti qu'à 69 opérations permettant la construction de 6700 logements, pointe-t-elle.

"La Cour sous-estime l'effet d'entraînement de la loi, qui a dopé les ventes de foncier public, y compris sans décote: des opérations parfois bloquées depuis 10 ans ont été engagées grâce à cette volonté politique affichée de produire plus de logements, notamment sociaux", dit à l'AFP Thierry Repentin, ex président (2013-2016) de la Commission nationale de l'aménagement, de l'urbanisme et du foncier (CNAUF), chargée d'arbitrer l'application du dispositif.

"Une aide disproportionnée"

Ce dernier, d'un coût de 107 millions d'euros, a "parfois" fourni une "aide disproportionnée" par rapport à l'objectif de construction des opérations, et "les intérêts patrimoniaux de l'État n'ont pas toujours été suffisamment protégés, ce qui justifierait un contrôle financier renforcé des opérations", affirme la Cour.

Car l’État "ne s'est pas doté des moyens nécessaires pour vérifier que la décote a bien servi à garantir l'équilibre" des opérations, "et non à accroître les fonds propres de l'acquéreur". La loi prévoit "un dispositif de contrôle et de sanction sur la bonne réalisation du programme" mais pas sur le bilan financier, fait valoir le gouvernement dans sa réponse au référé. Des clauses de "retour à meilleure fortune" pourraient être insérées dans l'acte de vente.

Autre critique: l'apprentissage du dispositif a été "long" et "difficile" pour des administrations comme France Domaine, soumises à des "injonctions contradictoires", entre "la volonté de valoriser au maximum le patrimoine de l'État" et celle "d'accorder des décotes généreuses pour développer le logement social". La Cour préconise de "recentrer la décote sur les zones tendues" - mais elle a été appliquée "à 80% en zones tendues ou très tendues", dit Thierry Repentin.

Avec AFP

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