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L'UFC-Que Choisir met en garde contre les dérives de l'investissement locatif

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En pleine campagne de communication pro-Scellier, l’annonce promet de faire grand bruit.

L’UFC-Que Choisir appelle à la prudence les consommateurs qui souhaiteraient se lancer dans une opération d’investissement immobilier locatif. « Il est possible de réaliser de bonnes affaires, mais gare aux pratiques de certains promoteurs », alerte l’association, qui saisit au passage la justice contre la société Akerys.

« Depuis 1984, les pouvoirs publics ont encouragé l’investissement locatif pour les particuliers, au moyen de déductions fiscales accordées en contrepartie de l’engagement de louer les biens acquis pour une durée minimale », rappelle l’UFC. Ces déductions - réductions ou amortissements d’impôts, selon les cas - ont été accordées dans le cadre de diverses lois, Demessine, Borloo ou Robien, pour n’en citer que trois, dont la réputation n’est pas toujours irréprochable... En cause, les « pratiques commerciales tendancieuses » de certains promoteurs, qui « ont construit à tort et à travers, dans des zones géographiques où les appartements ne pourraient trouver de locataires en raison d’une offre surabondante », et ont ensuite incité les particuliers à acquérir des logements, « alors même que le bénéfice escompté de l’opération était des plus improbable », résume l’association.

L’UFC assure avoir reçu de nombreuses plaintes de consommateurs victimes de ce type d’abus. « C’est évidemment dans les zones où il n’y a pas de demande locative que les plaintes se concentrent », explique à Lavieimmo.com Isabelle Faujour, directrice juridique adjointe de l’UFC. Soit des villes comme Quimper, Agen, Alès, Montauban, Tarbes, Saint-Gaudens…« pas seulement, mais principalement dans le sud-ouest ». Ce n’est donc probablement pas un hasard si le promoteur toulousain Akérys, leader national de l’investissement locatif, se retrouve aujourd’hui dans le viseur de l’association. « Les témoignages recueillis montrent que l’argumentaire fourni à ses commerciaux par la société Akerys présente l’avantage fiscal comme une certitude ». Une pratique dangereuse qui aurait conduit « des milliers d’investisseurs » à méconnaître les risques qu’ils encouraient en investissant. Beaucoup se retrouvent dans l’incapacité de rembourser l’emprunt contracté pour acquérir le logement qu’ils avaient prévu de louer, emprunt qu’ils comptaient précisément rembourser grâce aux loyers qu’ils pensaient toucher.

C’est pour sanctionner ces pratiques que l’UFC-Que Choisir a décidé de déposer auprès du procureur de la République du tribunal de grande instance de Paris une plainte pour tromperie à l’encontre d’Akerys. « La procédure prendra du temps, mais nous espérons une sanction financière », reprend Isabelle Faujour.

« La zone B2 pourrait être la nouvelle zone C » Ces « pratiques tendancieuses » ont-elles encore cours ? Avec l’entrée en vigueur du régime Scellier, appelé à remplacer définitivement les Robien et Borloo à la fin de l’année, on serait tenté de dire que non. Le risque serait d’autant mieux écarté que le gouvernement a pris le soin d’écarter du champ d’action du nouveau dispositif les villes de la zone C - celles, précisément sans besoin locatif. Un risque subsiste néanmoins (cliquez ici). « Le Scellier est plus clair que ses prédécesseurs, et les éléments dont on dispose prouvent son succès auprès des particuliers », reprend Isabelle Faujour. « Il ne faudrait cependant pas que ce succès permettent à certains promoteurs peu scrupuleux d’écouler des programmes construits dans des zones où les locataires sont absents ». Une possibilité accrue par le fait que certaines villes précédemment situées en zone C ont été reclassées en B2 (cliquez ici). « Le gouvernement assure qu’il a tenu compte du niveau de tension des marchés immobiliers locaux, mais nous continuons de penser que la prudence s’impose ».

Aux ménages, l’UFC donne un conseil simple mais efficace. « Nous ne sommes pas en train de dire que l’investissement locatif est à proscrire. Il est possible de réaliser de belles opérations, mais il convient de faire très attention à la localisation du bien qu’on achète. Dans la mesure du possible, évitez les grandes banlieues, les zones où il sera plus difficile de trouver un locataire, et rendez-vous toujours sur les lieux avant de vous lancer », conclut Isabelle Faujour.

E.S.

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