La crise du coronavirus relance l'intérêt pour le viager

Parfois mal vu par les acheteurs, le viager pourrait faire son grand retour alors que les Ehpad ont été particulièrement par la pandémie du coronavirus ces derniers mois. "Depuis la fin du confinement, il y a eu très clairement un fort intérêt" témoigne Sophie Richard, fondatrice du réseau Viagimmo qui compte quatorze agences en France, toutes spécialisées dans le viager.

En fait, il y avait déjà un engouement depuis un an et demi sur le viager mais la nouveauté, c'est que ce sont les familles des parents qui s'y intéressent" poursuit-elle. En France, les notaires enregistrent 5000 à 6000 ventes en viager par an, mais le chiffre pourrait bien grossir dans les mois à venir. "A Montélimar, l'agence ouverte il y a un mois a déjà effectué trois ventes quand la moyenne classique tourne autour d'une à deux ventes par mois" souligne Sophie Richard.

Surtout, la professionnelle constate des signaux en hausse. "La fréquentation sur notre site a doublé sur le site internet par rapport à l'avant-crise." De la même façon, "les téléchargements de notre guide pratique ont aussi doublé." Pour un tel regain ? La crise a évidemment mis en lumière l'hécatombe qu'a provoqué le virus dans les Ephad (plus de 10.000 décès dans les établissements sociaux et médico-sociaux). Les scandales qui secouaient déjà le secteur ces dernières années ont probablement aussi joué.

Tirer un trait sur l'héritage

Le viager permet aux seniors de rester chez eux, quitte à utiliser leur rente viagère pour faire appel à une aide à domicile. Cela implique, évidemment, pour les enfants, de tirer un trait sur leur héritage, du moins sa part immobilière. Mais, en réalité, les enfants sont bien souvent obligés de vendre la maison familiale pour financer le séjour en Ephad de leurs parents. "La facture oscille entre 2500 et 3000 euros par personne et par mois" rappelle Sophie Richard. "Est-ce qu'il ne vaut mieux pas avoir une assurance à vie ?" plaide-t-elle. Pour les investisseurs, c'est aussi une manière de diversifier leurs placements ou d'utiliser une épargne importante qui ne rapporte plus grand chose sur l'assurance-vie.

A noter qu'il existe aussi une forme de viager sans rente et donc sans risque sur le montant global de la transaction. Il faut pour cela acheter la nue-propriété d'un logement et en laisser l'usage (l'usufruit) à celui qui l'occupe. L'investissement initial est plus important puisqu'il n'y a pas de rente à payer mais le risque, pour l'acquéreur, de surpayer à terme, n'existe pas puisque la somme est fixée à l'avance. Le seul risque est de récupérer le bien plus tard qu'on ne l'avait prévu au moment de l'achat.