BFM Immo
Immobilier

La double peine du logement pour les étudiants en mobilité

Tribune de Thibault Martin, CEO de Smartrenting

Tribune de Thibault Martin, CEO de Smartrenting - Pascal Pavani - AFP

Selon Thibault Martin, CEO de Smartrenting, agence de gestion locative dédiée uniquement à la sous-location, la difficulté à trouver un toit dans les grandes métropoles françaises est un frein à partir séjourner à l’étranger.

Le 15 décembre dernier, l’Union Européenne annonçait une augmentation des crédits du programme ERASMUS. Le budget de la France augmentera de 20% pour atteindre 196,7 millions d’euros.

Frédérique Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur, a réaffirmé lors de la célébration des 30 ans Erasmus, qu’elle souhaitait qu’à l’horizon 2024 la moitié des étudiants aient réalisés un semestre à l’étranger et acquis au moins deux langues européennes. Malgré des initiatives françaises et européennes toujours plus orientées vers la mobilité, une problématique subsiste et contraint les étudiants : que faire de son appartement pendant son absence ?

Au-delà d’une simple question logistique, cette problématique se révèle être un frein à la mobilité étudiante.

Atteindre les objectifs européens, énoncés par Frédérique Vidal, Pierre Moscovici et Emmanuel Macron, nécessite la mise en place de mesures concrètes pour accompagner les étudiants dans leurs projets.

Les échanges culturels, oui mais à quel prix ?

Véhicule d’intégration, découverte d’une nouvelle langue, d’une nouvelle culture, les atouts d’un séjour hors de nos frontières sont inestimables pour les étudiants qui vivent dans un monde toujours plus ouvert et connecté. Par ailleurs, ces séjours parfois des pré-requis à l’obtention d’un diplôme pour certaines filières.

La France comptait 2 560 667 étudiants en 2016 (ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche). 85% d’entre eux sont intéressés par la mobilité internationale, selon Campus France, soit plus de 2 millions d’étudiants. Les départs à l’étranger se sont accrus ces dernières années grâce à la démocratisation des échanges Erasmus, des VIE, des séjours linguistiques, des échanges, des Working Holidays…

Cependant, des freins à la mobilité persistent. Pour près de 64% des étudiants qui ont renoncé à partir, la raison est le coût de leur séjour. On pourra arguer que l’augmentation des bourses palliera, en partie, à ce problème. Mais l’une des difficultés sous-jacentes ne pourra être résolue par un effort financier uniquement, celui du logement.

Le logement, la double peine à un départ serein

En effet, la difficulté à trouver un toit dans les grandes métropoles françaises est un frein à partir séjourner à l’étranger. Le logement est une double peine pour les étudiants en mobilité : soit libérer son appartement et savoir qu’il sera difficile de trouver un nouveau chez soi au retour, soit accepter de payer un double loyer durant les mois de résidence à l’étranger.

Parmi les témoignages reçus, un étudiant à la Sorbonne avait été sélectionné pour un séjour de 4 mois au Chili. Or au moment de concrétiser son projet, l’idée de devoir laisser son appartement pour un séjour de 4 mois, l’a obligé à renoncer à son projet de mobilité.

Aucune solution n’est aujourd’hui proposée par l’Etat pour pallier cette difficulté. Enoncer que la moitié des étudiants réalisent un séjour à l’étranger durant ses études nécessite de se confronter à la réalité de l’immobilier.

Les étudiants, parmi les principaux concernés par la saturation de l’immobilier

Le marché immobilier dans les grandes villes est déséquilibré avec davantage de demande que d’offre. A Paris, on assiste à un schéma qui montre bien la saturation du marché immobilier : le taux de mobilité dans le parc résidentiel est très faible et s’établit à 17,9% en 2017, soit 10 points de moins que la moyenne nationale. Par ailleurs, la dépense du logement représente à elle seule plus de 50% du budget des étudiants selon l’observatoire national de la vie étudiante. Les locataires sont donc confrontés à la crainte de ne pas retrouver de logement, tant il leur avait été difficile d’en trouver un initialement.

Déroger à la règle des 120 jours

Il serait donc plus pertinent de faire évoluer et de faire connaître la possibilité pour ceux-ci de sous-louer leur logement notamment durant leur mobilité. A ce titre, dans le cadre de la conférence de consensus sur le logement et de la future loi sur le logement, une dérogation à la règle des 120 jours de location courte durée dans le cas d’une mobilité des étudiants devrait être introduite.

La limite de durée autorisée de la location courte durée devrait être étendue à 1 an pour les étudiants et plus généralement les personnes en mobilité.

Cette avancée législative serait un moyen d’accroître l’attractivité des programmes d’échanges et de mobilité, au-delà de la seule augmentation des bourses.

Partir se former à l’étranger serait une opportunité d’autant plus belle si le logement n’était plus une contrainte à gérer. Ecoutons les besoins de notre société et en adaptant les lois aux ambitions de notre pays. Pour être mobile, soyons flexible ; maximisons les chances des étudiants de saisir des opportunités de mobilité en levant la contrainte du logement.

Qualite-Logement.org