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Immobilier

La Fondation Abbé Pierre n'épargne pas la politique de Sarkozy

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« Incertaine et incohérente ».

Alors que le nombre de personnes non ou mal logées a progressé de manière conséquente en France l’année dernière, la Fondation Abbé Pierre n’hésite pas à égratigner la politique du logement du gouvernement Sarkozy. Une critique « non seulement [de] la dimension sociale de [cette] politique, mais aussi [de] ses orientations générales, ses mesures et ses effets ».

Rendu public ce matin, le dernier rapport annuel de la Fondation évalue à 3,5 millions le nombre de Français confrontés à « une problématique forte de mal-logement ». Soit 200 000 de plus qu’à fin 2007 (+6 %). Près de 60 % des personnes concernées (2,044 millions) vivent dans des conditions qualifiées de « très difficiles » - que ce soit dans un logement de mauvaise qualité ou dans une situation de surpeuplement accentué. 860 000 environ sont « en situation d’occupation précaire », tandis que près de 600 000 souffrent d’une absence de logement, dont 100 000 sont sans domicile fixe. A ces situations « extrêmes de mal-logement » s’ajoutent les 6,5 millions personnes en situation de « réelle fragilité à court ou moyen terme », en situation d’impayés de loyer ou de surpeuplement « au sens large », notamment.

Un sentiment de brouillage Des chiffres jugés d’autant plus inquiétants que la crise immobilière, qui s’accompagne d’un ralentissement de la construction, promet d’aggraver le déficit en logement. Alors qu’il tendait à se résorber depuis trois ans, celui-ci devrait en effet atteindre environ 900 000 logements à la fin de l’année, contre 800 000 fin 2008, prédit la Fondation. Dans ce contexte, les mesures de soutien au secteur de l’immobilier prises dans le cadre du Plan de relance de l’économie sont jugées inadéquates. Le plan prévoit la construction de 700 000 logements supplémentaires d’ici la fin de l’année prochaine, en sus des 30 000 que les organismes Hlm ont pour objectif de racheter aux promoteurs privés. « Au total, ce programme de construction de 100 000 logements, qui devrait coûter 600 millions d’euros, comportera moins de 50 % de véritables logements sociaux », dénonce la Fondation. En faisant la part belle au logement intermédiaire, en développant « une offre totalement décalée par rapport à une demande sociale qui elle-même continue à se fragiliser », ce programme ne permettra pas de répondre aux demandeurs inscrits auprès des organismes Hlm, ajoute-t-elle.

Le gouvernement est également épinglé sur « les orientations structurantes » de sa politique – l’objectif de construction de 500 000 logements par an est jugé « bien optimiste » - comme sur son manque de cohérence. « Le projet de loi de Mobilisation pour le logement [actuellement en cours d’examen par l’Assemblée nationale] ignore les recommandations du rapport d’Etienne Pinte [pourtant] demandé par le Premier ministre à la suite de la mobilisation associative au début de l’année 2008 », poursuit le rapport.

« Finalement, la politique du logement apparaît incertaine et incohérente, écartelée entre des exigences diverses (promotion de l’accession à la propriété, mise en œuvre des conclusions du Grenelle de l’environnement ou du Droit au logement opposable), sans compter les contraintes budgétaires », dénonce la Fondation. « Il en ressort un sentiment de brouillage, tant sur les priorités de la politique du logement que sur les priorités du gouvernement à un moment où la crise immobilière et la crise du logement cumulent leurs effets ».

E.S.

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