La justice expulse Jeudi Noir de l'avenue Matignon
Le tribunal d’instance du 8ème arrondissement de Paris a ordonné mardi matin au collectif Jeudi Noir de quitter « sans délai » le 22, avenue Matignon, dans le 8ème arrondissement de Paris. L’immeuble, occupé depuis la fin du mois de décembre, appartient à l’assureur Axa, qui avait assigné les squatteurs en justice. La décision est par ailleurs assortie d’une astreinte journalière de 100 euros.
« Détraqué »
Pourtant habitués aux injonctions d’expulsion, les membres du collectif s’étonnent sur place du « zèle déployé pour faire expulser trente jeunes précaires en plein cœur de l’hiver. Contrairement à ce qui se fait habituellement dans ce genre de situation, la force publique pourra ici être déployée immédiatement [à la demande d’Axa, NDLR], sans un recours préalable à un huissier », explique Maxim Hupel, l’un des occupants de l’immeuble. Jeudi Noir dénonce une « décision politique», et nie l’argument de la sécurité et de la proximité du Palais de l’Elysée avancé par Axa. « Cela fait quatre ans que le bâtiment est vide, avec une porte grande ouverte, reprend Maxim Hupel, N’importe quel détraqué qui aurait voulu passer à l’action contre Nicolas Sarkozy, aurait pu le faire sans être repéré pendant ces quatre ans… Finalement, l’Elysée n’a jamais été autant en sécurité que depuis que nous occupons l’immeuble ! ».
Etat de siège
Pour l’heure, l’état de siège a été déclaré par les membres de l’association, qui n’ont pas l’intention de quitter l’immeuble et ont prévu de « continuer à se barricader » en attendant l’arrivée éventuelle des CRS. Le collectif rappelle au passage que son action vise non seulement à « offrir un répit [aux occupants de l’immeuble] au cœur de l’hiver, mais surtout à dénoncer l’indifférence du gouvernement vis-à-vis d’une crise du logement qui s’aggrave à mesure que se gonfle la bulle immobilière ».
Contacté, le groupe Axa se contente d’indiquer qu’il « attend de voir comment la situation évolue » avant de demander le recours à la force publique. « Les occupants peuvent encore partir de leur propre chef », fait valoir un porte-parole.