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Le blanchiment d'argent dans l'immobilier est de mieux en mieux détecté

Tracfin note une amélioration de la coopération des avocats et notaires

Tracfin note une amélioration de la coopération des avocats et notaires - Mychele Daniau - AFP

Une quarantaine de professions ont l'obligation de déclarer à Tracfin les sommes ou opérations qui leur semblent litigieuses. Mais certaines sont plus réticentes que d’autres.

La nouvelle directrice du service de renseignement financier Tracfin Maryvonne Le Brignonen a salué une meilleure implication des avocats et des notaires pour signaler les soupçons de blanchiment d'argent ou de financement d'activités criminelles. "Tous les professionnels assujettis (obligés de déclarer à Tracfin leurs soupçons) collaborent" même s'il y a un sujet de "maturité" de certains professionnels, comme les commissaires aux comptes ou les avocats, a affirmé Maryvonne Le Brignonen en présentant à la presse son rapport annuel sur les tendances des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

Preuve de cette meilleure implication, les Caisses des règlements pécuniaires des avocats (Carpa), qui gèrent notamment les opérations de paiements des avocats, "vont s'assujettir volontairement en 2020", a-t-elle indiqué, estimant que cela devrait permettre d'augmenter le nombre de déclarations de soupçons auprès de Tracfin. Au total, une quarantaine de professions ont l'obligation de déclarer à l'agence les sommes ou opérations qui leur semblent litigieuses, parmi lesquelles les banques, les assurances, les notaires, les agents immobiliers ou encore les cercles de jeux. A plusieurs reprises ces dernières années, Bercy avait dénoncé le retard de certaines de ces professions dans le respect de leurs obligations.

Informer et rassurer

La nouvelle directrice de Tracfin, nommée cet été sur proposition du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, s'est elle montrée plus mesurée. "Je ne parle pas de mauvaise volonté, mais d'une question de maturité", a-t-elle affirmé, citant l'exemple des notaires, "disséminés sur le territoire", "moins professionnalisés" sur ces questions de déclaration de soupçon et qu'il faut "informer" et "rassurer" sur le respect de leur anonymat.

Le rapport 2018-2019 de Tracfin met en avant plusieurs tendances sur lesquelles le service de renseignement se concentre: le rôle de l'immobilier, et en particulier de l'immobilier de luxe, dans le montage de stratégie de blanchiment d'argent, la cybercriminalité financière, ainsi que la lutte contre la fraude à la TVA, véritable priorité du gouvernement, a rappelé Gérald Darmanin présent à cette conférence de presse. En matière de financement du terrorisme, la patronne de Tracfin a confirmé le rôle croissant des cagnottes en ligne et un renforcement de la "surveillance" des plates-formes concernées, d'autant que toutes ne sont pas tenues de signaler leurs soupçons.

Les ventes de villas de luxe particulièrement exposées

Sur l'immobilier, "les informations détenues par Tracfin révèlent que des PPE (pour personnes politiquement exposées, NDLR) étrangères – qu’il s’agisse de chefs d’État, de leur entourage familial ou professionnel – exploitent les canaux bancaires traditionnels et le secteur de l’immobilier pour blanchir, en France, le produit d’actes de corruption ou de détournement de fonds publics commis dans leur État d’origine", souligne notamment le rapport.

Le segment de l'immobilier de luxe est particulièrement visé. "Tracfin reçoit de nombreux signalements liés à des achats immobiliers de villas de standing, de la part d’acheteurs français comme étrangers, en particulier à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin", pointe ainsi le rapport.

Avec AFP

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