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Le gouvernement tente de rassurer un monde des HLM inquiet et agacé

Le gouvernement cherche à rassurer le monde HLM

Le gouvernement cherche à rassurer le monde HLM - AFP

Le logement social s'estime en partie oublié dans le plan de relance annoncé et n’a pas apprécié la ponction d’un milliard d’euros dans les caisses d’Action Logement. Invitée à la journée du monde HLM, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon s’est expliquée.

Plan de relance jugé incomplet, réforme du géant Action Logement... Face à un monde HLM qui exprime de multiples inquiétudes pour sa rentrée, en pleine crise sanitaire et économique, le gouvernement a cherché à rassurer. En clôture de la journée du monde HLM mardi, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a salué "l'importance de sa contribution à la société française" et insisté sur le rôle du logement social en pleine crise sanitaire et économique du virus. Tout en veillant à répondre à de multiples critiques accumulées ces dernières semaines par le monde du logement social.

Alors que sa rentrée est marquée par la crise économique, le logement social s'estime en partie oublié dans le plan de relance annoncé début septembre par le gouvernement. "Les logements qui ne seraient pas réalisés", ou rénovés, "tout ce qui ne sera pas fait aujourd'hui ou en 2021, ou en 2022 (...), ce sera un danger humain", a déclaré Jean-Louis Dumont, président de l'Union sociale pour l'habitat (USH), confédération du secteur, lors de cette journée organisée mardi à Paris à la place du congrès annuel du monde HLM, annulé à Bordeaux pour cause de crise sanitaire.

Certes, le gouvernement a réservé 500 millions d'euros pour aider les HLM à la rénovation énergétique, mais le secteur en veut plus. Il souhaite notamment retrouver un taux de TVA préférentiel sur toutes les opérations de construction pour diminuer leur coût et, promet-il, accélérer la création de nouveaux logements. Mais Emmanuelle Wargon n'a pas abordé le sujet de la TVA.

Une ponction de plus qui passe mal

Autre motif d'insatisfaction pour le monde HLM, une décision de l'Etat de prélever environ un milliard d'euros dans les comptes d'Action Logement, géant du logement social géré de concert par patronat et syndicat. Une telle ponction est un grand classique. Organisme à la trésorerie gigantesque, Action Logement sert régulièrement de béquille à la politique gouvernementale du logement. Voici seulement un an, l'Etat lui avait déjà pris 500 millions d'euros. Pour rassurer, Emmanuelle Wargon a précisé, en marge de son discours, que le milliard d'euros prélevé chez Action Logement servirait exclusivement à la politique du logement.

Seulement, cette fois, les velléités du gouvernement ont suscité une vaste désapprobation du monde du logement social, Jean-Louis Dumont accusant encore mardi Bercy de vouloir tout "siphonner", alors que le monde HLM fait sa part. Pendant la crise sanitaire, l'organisation a lancé une aide d'urgence aux salariés et chômeurs: jusqu'à 300 euros par foyer en difficulté pour payer son loyer ou rembourser son crédit immobilier. Enfin, avant même le coronavirus, il déployait un plan de plusieurs milliards d'euros. Plus encore que la question financière, le monde HLM s'inquiète de la volonté de l'Etat, relayée par le journal Les Echos, de renforcer son contrôle sur Action Logement.

Une absence du Premier ministre remarquée

Dans ce contexte, le secteur cherchait des explications et s'est montré particulièrement déçu de l'absence du Premier ministre Jean Castex, dont l'USH a longtemps espéré la présence à cette journée. La ministre du Logement a, tour à tour, insisté sur les mesures à venir favorables au logement social et promis de ne pas passer en force sur d'autres sujets.

La réforme d'Action Logement? "Le constat d'évolutions à apporter est largement partagé par les partenaires sociaux et le dialogue s'engagera sur la base de leurs propositions", a-t-elle assuré. La ministre a insisté sur l'aide apportée à la rénovation des HLM et assuré que la construction de nouveaux logements n'était pas oubliée par le gouvernement. "Je suis totalement consciente qu'il faut éviter un trou d'air dans la construction", a déclaré Emmanuelle Wargon, mettant la pression sur le logement social pour atteindre ses objectifs de construction cette année. Elle a aussi confirmé que le gouvernement allait prolonger au-delà de 2021 le prêt à taux zéro (PTZ), l'une des principales aides à l'achat de logements par les particuliers, une mesure qui dépasse les seuls HLM.

Avec AFP

D. L.