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Le marché immobilier pourra-t-il résister à cette crise du coronavirus?

Le marché immobilier est en pause

Le marché immobilier est en pause - AFP

Avant le confinement, vendre un logement bien situé ne posait pas de problèmes. Les prix étaient élevés. Et dans la plupart des grandes villes, la demande dépassait l'offre. Mais qu'en sera-t-il au sortir de l'épidémie? Certains experts pensent que le marché repartira dès la fin de l’année. Mais cet espoir est très ténu.

Les professionnels s’attendaient à un printemps de l’immobilier - période traditionnellement propice aux acquisitions - exceptionnel. “ A l’image des mois de janvier et de février marqués par une hausse des prix particulièrement élevée pour ce moment de l’année, les quinze premiers jours de mars attestaient à leur tour du dynamisme incroyable du marché. En l’espace de seulement deux semaines, les tarifs dans les dix plus grandes villes de l’Hexagone avaient déjà grimpé de 0,2% et allant même jusqu’à 0,5% pour Paris, amenant les prix parisiens proches des 10.600€/m² en moyenne”, constate MeilleursAgents.

Le confinement pour lutter contre l’épidémie de coronavirus a évidemment mis un terme à cette embellie. En 2019, la France a enregistré plus d’un million de transactions, et pour MeilleursAgents, “même si la plupart des ventes seront réalisées dans la durée, il y aura bien 100 000 à 200 000 transactions en moins en 2020 pour le marché résidentiel ancien”. Le spécialiste de l’estimation en ligne l’explique par le comportement des banques qui seront plus prudentes et se pencheront en priorité sur les demandes des entreprises, et celui des particuliers qui ont vu, pour certains, leurs revenus diminuer.

Deux scénarios sont possibles

Pour MeilleursAgents, il y aura certainement une baisse des prix, même si elle ne sera pas très marquée. Et l’évolution des prix sera disparate: “Ce choc ne frappera pas tous les territoires avec la même force. Les marchés profitant jusqu’ici d’une importante réserve de demande et pour lesquels les acheteurs potentiels sont financièrement moins impactés, avec par exemple une large proportion de cadres en CDI pouvant télétravailler, résisteront mieux que les autres. La plupart des grandes métropoles françaises seraient plus épargnées par ce recul des prix”. Le spécialiste prévoit deux scenarios. Dans l’hypothèse où l’épidémie est maîtrisée avant l’été et d’une sortie de crise rapide où les différentes mesures prises par le gouvernement et par la Banque Centrale Européenne portent leurs fruits, tout laisse à penser que le marché immobilier pourrait repartir sans trop de heurts dès le mois de septembre.

Un scénario plus sombre peut se profiler à long terme et impacter fortement l’économie française qui reste sous la menace de trois risques de différentes natures : une réapparition du virus et de nouvelles mesures de confinement, une nouvelle récession et une crise financière. "Premièrement, si la crise sanitaire était appelée à durer avec un nouveau pic de l’épidémie à l’automne, voire au printemps prochain, les épisodes de confinement risqueraient de se multiplier et la perspective d’une reprise s’éloignerait. De plus, de nombreux pans de l’économie sont aujourd’hui en grave difficulté. L’efficacité des mesures annoncées pourrait ne pas être suffisante et leur mise en place freinée par la paralysie du pays touchant également nos administrations. Le grand nombre de faillites notamment de petites entreprises et par là-même, la mise au chômage de nombreux salariés entraîneraient l’économie française vers une nouvelle récession. En parallèle, malgré tous les efforts des banques centrales, cette crise qui met à rude épreuve les marchés financiers pourrait se traduire par une crise de liquidités. Nous nous retrouverions alors dans une situation similaire à 2008 où les banques s’étaient montrées incapables de financer l’économie réelle, et donc le marché de l’immobilier".

Pour MeilleursAgents, si tout ou partie de ces risques venait à se matérialiser, l’hypothèse d’une sortie de crise sans heurt sur le marché immobilier s’envolerait. Celui-ci serait dès lors amené à traverser une phase de repli qui durerait plusieurs années.

Diane Lacaze