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Les ménages les plus précaires sont ceux qui peinent le plus à se loger en HLM

Pauvreté: les plus précaires ont de plus en plus de mal à se loger en HLM

Pauvreté: les plus précaires ont de plus en plus de mal à se loger en HLM - AFP

Six associations dont la Fondation Abbé Pierre constatent que “plus un demandeur HLM est pauvre, moins il a de chances d’obtenir un logement”.

"Plus un demandeur HLM est pauvre, moins il a de chances d'obtenir un logement": six associations dont la Fondation Abbé-Pierre et le Secours catholique pointent les difficultés d'accès au parc social des ménages les plus précaires, selon un rapport. "Une personne qui touche les minima sociaux comme le RSA a 30% de chance en moins de trouver un logement social qu'une personne touchant le Smic, alors imaginez-vous dans le parc privé", explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, s'appuyant sur des chiffres de 2017.

C'est le cas de Régine, mère célibataire, dont les demandes de logement social restent lettre morte depuis des années. "Cela fait 8 ans que je fais des demandes de logement HLM. Tous les ans je renouvelle, mais je n'ai jamais eu de réponse", raconte-t-elle à AFP. Les trois recours qu'elle a effectués au titre du droit au logement opposable n'ont pas plus abouti. "On me répondait que j'étais logée parce que je louais de la main à la main, sans déclaration, sans enregistrement". Ces dernières années, elle louait un studio pour 600 euros par mois, trop exigu pour accueillir son fils.

"C'est de plus en plus compliqué pour les plus précaires"

Selon le rapport signé également par ATD Quart Monde et Habitat & Humanisme, "un ménage pauvre sur deux se voit contraint de subir la loi du parc privé avec des taux d'effort insoutenables qui viennent fréquemment s'ajouter à des conditions de logement indignes". D'ailleurs, dans des "zones tendues", des "dizaines de milliers" de ménages restent en attente par "manque de logements sociaux financièrement accessibles", se retrouvant logés chez des tiers, par des marchands de sommeil, dans des hôtels sociaux ou dans des bidonvilles.

"Ca ne veut pas dire que le parc social accueille des riches, nous ne faisons pas de faux procès contre le monde HLM ou les bailleurs sociaux. C'est juste de plus en plus compliqué pour les plus précaires", précise Manuel Domergue.

Des obstacles multiples

Jamal, 54 ans dont une vingtaine à la rue, a lui aussi multiplié les demandes. "J'ai toujours eu des papiers, je touchais le RSA. J'ai fait des demandes de logement, tous les ans, et on ne m'a jamais répondu", explique-t-il à l'AFP.

Pénurie de logements sociaux, loyers HLM trop élevés, attributions mal ciblées : les obstacles à l'accès au parc social des demandeurs les plus pauvres, souvent âgés entre 40 et 60 ans en famille monoparentale, sont multiples. Aussi, selon les associations, des professions comme les policiers, les gendarmes ou les enseignants sont privilégiés face aux plus pauvres. Selon Manuel Domergue, "il y a un rejet collectif, personne ne veut des plus précaires car il y a beaucoup de préjugés sur leur capacité à habiter", accusés "à tort" d'être des "mauvais voisins". Parmi les 16 propositions des associations, la création d'un fonds régional pour une baisse des quittances HLM est "la plus simple et immédiate", selon la Fondation Abbé-Pierre.

Avec AFP

D. L.