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Logement : Les 10 propositions du PS pour sortir de la crise

Martine Aubry, la Première secrétaire du Parti socialiste

Martine Aubry, la Première secrétaire du Parti socialiste - Nastasia Desanti

A quelques mois de la désignation du candidat socialiste pour les élections présidentielles de 2012, Martine Aubry prouve qu’elle est pleinement dans la course. En déplacement à Clamart (92), elle lance un appel au gouvernement et détaille 10 propositions pour enrayer la crise du logement.

Aux petites phrases concernant Michelle Alliot-Marie ou Dominique Strauss-Khan, la Première secrétaire du Parti Socialiste préfère le terrain. Et c’est à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, que Martine Aubry a choisi de lancer un appel pour lutter contre le mal logement. Elle a visité un programme de 13 logements sociaux livrés en 2010, labellisés Haute performance énergétique (HPE), représentatifs de la politique du logement développée par les collectivités locales. Car c’est bien aux communes que le Parti socialiste attribue la réussite des politiques de l’habitat. « Ce sont les collectivités locales qui font le travail », affirme Thierry Repentin, sénateur de la Savoie et président de l’Union social pour l’habitat (USH). « Quand l’Etat met 15 à 20 000 euros pour la construction d’un logement, la ville de Paris en met 40 000 », poursuit-il.

« Œuvrer pour une ville de qualité et de mixité »

Alors que Benoist Apparu, le secrétaire d’Etat au Logement se félicitait mardi de son bilan, affirmant que « la situation s’est très fortement améliorée », Martine Aubry dénonce elle, « une politique immobilière qui n’a fait qu’accentuer les inégalités ». Se basant sur le rapport de la Fondation Abbé Pierre du mal logement 2011 et sur « les échos qu’ont tous les jours les élus sur le terrain », le parti socialiste propose un éventail de 10 mesures. La première appelle à « construire massivement des logements sociaux », le PS estimant qu’il faudrait atteindre le seuil de 150 000 financements par an. En 2010, ceux-ci s’élevaient à 132 000, et étaient déjà annoncés comme un record par le gouvernement ,estimant que le manque de place en zone tendues, ne permettrait pas d'atteindre le même chiffre en 2011 (120 000 prévus). En effet, l'Ile-de-France manque de place pour construire de nouveaux logements alors que paradoxalement, des milliers de bureaux sont vacants. Les logements vides sont d’ailleurs un des points problématiques auquel le PS souhaite s’attaquer en faisant « un repérage complet de l’ensemble des logements vides afin d’augmenter la taxe sur les habitations vacantes ».

Pour les constructions neuves, la seconde mesure vise à imposer un quota d’un tiers de logement sociaux dans chaque nouveau projet de construction, dans un objectif de mixité sociale. « Nous voulons du logement social pour tous, de qualité, qui ne soit pas dortoir, et qui amène de la mixité », indique la Première secrétaire du Parti socialiste.

Encadrer les loyers

Face à la montée du prix au mètre carré et à celle des loyers, le parti de l’opposition a décidé de se positionner véritablement à gauche avec une mesure qui n’a jamais fait l’unanimité : Le plafonnement des loyers. Déjà abordée par Bertrand Delanoë lors d’une lettre ouverte à François Fillon, cette proposition rentre dans le « paquet logement ». « Il faut une loi pour bloquer les prix à la relocation dans les zones tendues, car c’est ce qui participe à la spéculation immobilière », note Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre du Logement. Et si Benoist Apparu veut circonscrire cette méthode aux très petites surfaces (9m²), le PS estime que cette mesure doit s’appliquer dés la première relocation, pour toutes les surfaces. « Les ménages sont étranglés par les loyers, pour les jeunes, cela va jusqu’à représenter 50 % de leurs revenus », renchérit Martine Aubry.

Donner des moyens

A la France du « tous propriétaire » du Président de la République, le Parti socialiste préfère réorienter les aides à la pierre, en revoyant complètement les dispositifs d’aides tels le Robien, Scellier et Borloo. Les aides d'après eux, doivent plutôt être concentrées sur la construction de logements sociaux avec l’élargissement des PLAI (prêt locatif aidé d'intégration) et PLUS (prêt locatif à usage social). « L’accession n’existe pas pour ceux qui gagnent en dessous de trois SMIC », s’indigne ainsi Marie-Noëlle Lienemann. Et pour que l’accession sociale soit plus facile pour les Français possédant peu de moyens, le PS souhaite que l’Etat « assure une ressource suffisante pour financer le logement social en garantissant une remontée de 70 % de la collecte du livret A à la Caisse des dépôts », alors même que les banques s’y opposent, jugeant qu' une telle mesure va à l’encontre du principe de concurrence et de développement économique.

Avec ce déplacement en banlieue parisienne à un mois des cantonales, Martine Aubry, souhaite donc démontrer qu’elle est présente, à l’écoute et pleinement consciente des problèmes du quotidien qui touche les Français, loin des batailles d’égo qui commencent à secouer le PS pour la candidature des présidentielles de 2012.

Les 10 propositions du Parti Socialiste pour sortir de la crise du logement :

  • 1- Construire massivement des logements sociaux
  • 2- Imposer un tiers de logements sociaux dans chaque nouveau projet de construction
  • 3- Faire un repérage complet des logements vides pour augmenter la taxe sur les logements vacants
  • 4- Accroître les moyens consacrés à des réserves foncières disponibles
  • 5- Agir pour stopper les dérives des prix de l’immobilier en encadrant les loyers à la relocation
  • 6- Accroitre les aides à la pierre pour la construction de logements sociaux
  • 7- Garantir une remontée à plus de 70 % de la collecte du livret A à la CDC
  • 8- Limiter l’accès aux prêts à taux zéro aux foyers modestes et moyens
  • 9- Augmenter la taxe sur les logements vacants dans les zones tendues
  • 10- Faire appliquer immédiatement la loi SRU
Nastasia Desanti