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Mal-logement : Les " tentes rouges " de retour à Paris

Augustin Legrand et Christophe Robert, prêts à installer les tentes

Augustin Legrand et Christophe Robert, prêts à installer les tentes - Nastasia Desanti

31 tentes ont été déployées vendredi, par le « Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement ». Cette opération « coup de poing » est là pour interpeller le sommet de l’Etat sur la crise du logement et pour montrer que deux ans après les promesses du gouvernement, les problèmes sont toujours là.

Janvier 2008, le Premier ministre François Fillon déclare le logement et l’hébergement des personnes sans abris et mal logées « grand chantier prioritaire » pour la période 2008-2012. Or c’est un fait, en 2010, ce sont 10 millions de personnes qui souffrent du mal logement et 100 000 au moins, qui vivent dans la rue. Le collectif qui comprend 31 associations, dont les Enfants de Don Quichotte qui se sont fait connaitre en déployant plus de 200 tentes le long du canal Saint-Martin en décembre 2006, la Fondation Abbé Pierre, ou encore Emmaüs et le Secours Catholique, veut frapper un grand coup. « Aujourd’hui nous décidons de rendre visible un phénomène qu’on veut cacher, aujourd’hui on se met sur le pont et non pas dessous » déclare Augustin Legrand, co-fondateur des Enfants de Don Quichotte.

Le mal logement étendu aux classes moyennes

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre souligne que depuis 2006, « la situation a empiré. La crise s’est élargie aux classes moyennes ». Chaque année, ce sont ainsi plus de 200 000 bénévoles qui œuvrent pour le mal logement, or les associations sont de plus en plus débordées par la situation extrêmement tendue de cette crise. Les prix des logements, qui ont doublé en dix ans, poussent les foyers à mettre parfois jusqu’à 50 % de leur salaire dans le loyer. Les associations se déclarent « au pied du mur », face à une « catastrophe sociale » sans précédent, et en « guerre contre ce fléau ». En effet, le nombre de ménages en situation d’impayés n’a jamais été aussi élevé. Il a triplé depuis 2006, passant de 500 000 à 1 400 000 en 2010, selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement.

« On est prêt à y passer l’hiver »

Augustin Legrand, entouré d’une marée de tentes rouges qui ont fait sa notoriété, compte bien continuer le combat et faire entendre la voix de ceux qu’on n’entend pas. « Il faut avoir une réponse, la situation est trop grave pour laisser les choses empirer. Le problème c’est qu’on est seul. l’Exécutif ne nous écoute pas ». Les besoins en logements ont été estimé à 900 000 par les associations, or moins de la moitié ont été construits. Et à la question, combien de temps comptez-vous rester ? La réponse est sans appel : « Jusqu’à ce qu’on obtienne un signe fort du sommet de l’Etat. On est prêt à y passer l’hiver sur ce pont ». Les associations s’installent donc pour une durée indéterminée. Dans chacune des 31 tentes va s’installer un bénévole. Un roulement est prévu, afin qu’il y ait toujours quelqu’un de présent.

Attente de signes forts

Benoit Apparu, secrétaire d’Etat au logement, déclarait ce matin dans les colonnes du journal Métro : « En 2011, 35 % de logements sociaux seront érigés là où il y a le plus de demandes, contre 25 % en 2009. Ce n’est pas encore assez, mais c’est un début. En 2010, 13 000 personnes sont déjà passées de l’hébergement au logement. Ce qui nous permet de libérer 13 000 places d’urgence pour cet hiver ».

Bertrand Delanoë a quant à lui affirmé « soutenir le combat mené par le collectif qui dénonce les baisses de crédits de l’Etat annoncées en 2011 ». Il demande également «  un plan d’urgence, pour que personne ne soit contraint de vivre à la rue cet hiver, avec la création de 5000 places d’accueil et de logement pour les plus exclus, réparties de manière équilibrée sur l’ensemble du territoire francilien ».

Le collectif y croit. « Une autre politique est possible, une politique d’engagement et de solidarité. C’est une question de choix et de priorité. Aux 110 millions accordés en niches fiscales et autres, ce sont les mêmes 110 millions que l’on supprime en termes d’aides au logement ». Deux poids, deux mesures ?

Nastasia Desanti