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Même si le marché du logement ancien est reparti en force, les professionnels du secteur ne veulent pas être trop optimistes

Logement ancien: le marché entame un été crucial

Logement ancien: le marché entame un été crucial - AFP

Le marché de l’immobilier ancien est reparti à toute vitesse mi-mai lorsque les visites ont pu reprendre. Mais les professionnels du secteur attendent de voir si l’activité en juillet, août et septembre pourra gommer le retard pris en mars et avril.

Le marché du logement ancien repart en force depuis la fin du confinement. Mais les grandes agences immobilières se gardent d'être trop optimistes avant de savoir comment auront tourné l'été et la rentrée. "L'activité sur juillet, août et septembre, ça va être crucial pour savoir si on est à même de gommer le retard pris sur l'ensemble du mois d'avril", a résumé à l'AFP Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt.

Comme tous les étés, les grands réseaux français - Orpi et ses 1300 agences, Century 21 et ses 900 agences, Laforêt et ses 700 agences - font un bilan de l'année à mi-chemin, en matière de prix et de nombres de transactions. Ces chiffres sont très parcellaires, mais donnent une première idée du marché avant les indicateurs plus fiables des notaires, fin août. Seulement, cette année n'est comme aucune autre. Tel de nombreux autres secteurs, l'immobilier s'est largement arrêté pendant presque deux mois à cause du strict confinement décrété entre mi-mars et début mai en France contre la propagation du coronavirus. Le nombre de transactions a donc chuté, alors que le marché était en plein essor depuis des années. Sur tout le premier semestre, Century 21 et Laforêt font respectivement état d'un recul de 27% et environ 20% de leurs ventes, Orpi ne détaillant pas ce chiffre.

"La surprise, c'est la proportion des nouveaux projets qui sont venus"

Mais les réseaux s'accordent aussi à dire que le marché est reparti à toute vitesse depuis que les visites ont pu reprendre début mai. Les transactions se sont multipliées au-delà d'un simple rattrapage des projets interrompus. "On avait vu venir le redémarrage de l'activité", a détaillé Yann Jéhanno. "La surprise, c'est la proportion des nouveaux projets qui sont venus. Ca nous donne un peu d'optimisme." Ce rebond compensera-t-il la chute observée lors du confinement ? Le patron de Laforêt a beau estimer que le confinement a permis à de nombreux Français de "mûrir" leur projet et de passer ensuite à l'acte, il reste prudent. "Si la dynamique se poursuit, oui, on pourra combler une très forte partie du retard accumulé", résume-t-il. "Si les obstacles se multiplient à partir de la rentrée, ça sera plus difficile."

Cette prudence est partagée par ses confrères qui évitent les prévisions trop avancées, à l'entame d'une crise économique probablement historique et bien plus vaste que le seul marché du logement. "Il est trop tôt pour mesurer les conséquences qu'aura la crise de la Covid-19 sur les entreprises, le taux de chômage en France et par ricochet, sur l'immobilier", souligne dans un communiqué Laurent Vimont, président de Century 21. Il relativise au passage l'idée d'un bouleversement du marché à cause des envies nées du confinement. Ruée vers la province de Parisiens dégoûtés de leur enfermement dans la capitale ? "Marginal", répond Laurent Vimont. "Les rêves exprimés en période de confinement ne se sont pas traduits dans la réalité", insiste-t-il.

Les prix ne se calment pas

De même, le confinement n'a pas, dans l'immédiat, poussé ses clients à acheter des logements plus grands. Au contraire, la taille moyenne s'est encore réduite même si ce n'est pas franchement une affaire de préférence personnelle. "Le principal obstacle à acquérir plus grand tient sans aucun doute au prix", admet Laurent Vimont. Car les prix, eux, ne se calment guère après déjà des années de hausse générale en France, malgré des situations contrastées entre grandes métropoles, comme Paris et son mètre carré à plus de 10.000 euros, et plus petites villes.

Chez tous les grands réseaux, ils ont encore monté par rapport à un an plus tôt: +3,6% chez Orpi, +2,3% pour les maisons et +3,1% pour les appartements chez Century 21, +1,2% pour la seule capitale chez Laforêt qui ne détaille pas l'évolution hors Paris mais évoque une augmentation générale. Mais qu'en tirer comme conclusion ? Pas grand-chose dans l'immédiat, pour les professionnels. "Les prix poursuivent leur ascension car l'offre est toujours inférieure à la demande, mais nous devons être prudents sur les projections", prévient dans un communiqué Christine Fumagalli, présidente d'Orpi. "Ce sont des prix moyens sur un semestre qui a totalement été chamboulé dès mi-mars", conclut-elle. "En septembre, nous serons capables de donner une vision plus juste du marché".

Avec AFP

D. L.