BFM Immo
Immobilier

Plomb : Plus de 850 000 logements concernés en France

La peinture au plomb, interdite en 1948, est toujours présente dans les logements français

La peinture au plomb, interdite en 1948, est toujours présente dans les logements français - Lamiot / Wikipedia

Une étude récente révèle que l’on trouve du plomb dans de nombreux logements hexagonaux, que ce soit dans la peinture, l'eau ou la poussière...

L’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) révèlent dans un rapport que le plomb demeure présent dans les logements français. Le but premier de l'étude, commandée en 2008 et dévoilée très récemment, était de travailler sur l’exposition des enfants au plomb et sur les effets néfastes qu’il peut avoir sur leur santé. Les deux instituts se sont intéressés à 484 foyers avec des enfants de six mois à six ans, et ont ensuite extrapolé leurs résultats à « l’ensemble du parc de logements français ». Ils ont ainsi relevé que sur les « 3,6 millions d’habitations abritant au moins un enfant de six mois à six ans en France », 105 000 présentent une « concentration de plomb dans l’eau du robinet supérieure à 10 μg/L, valeur limite maximale fixée par la commission européenne à compter du 1er janvier 2013 ». Cependant, l'eau n'est pas la seule concernée...

De la peinture au plomb dans un état parfois très dégradé

L’étude relève de plus que 878 000 logements contiendraient de la peinture au plomb, « dont près de 170 000 (4,7 %) dans un état dégradé », et que 45 000 parties communes et 7 500 habitations comporteraient une concentration en plomb « supérieure aux recommandations fédérales américaines » au niveau des poussières au sol. Les espaces en plein air sont également concernés : 37 000 d’entre eux présentent, d’après l’EHESP, « une teneur en plomb supérieure au seuil actuellement en vigueur aux États-Unis pour la terre ». Malgré les règlementations progressives au fil du XXe siècle contre le plomb, il semble qu’il soit donc toujours très présent en France. La peinture au plomb, par exemple, a été interdite en 1948 et son diagnostic est obligatoire avant l'achat et la location. Malgré cela, selon l’étude, elle aurait été utilisée au moins jusqu’en 1974, date à partir de laquelle sa présence paraît diminuer, et on la trouve donc toujours dans certaines habitations.

Quelles conséquences pour la santé ?

Si le rapport évoqué ne s’intéresse qu’aux enfants de moins de six ans, le plomb se révèle nocif pour tous. Le ministère de la Santé évoque quelques risques potentiels : « Chez l’adulte, le plomb peut être responsable de douleurs abdominales, de troubles neurologiques, d’anémie et peut être à l’origine d’une hypertension artérielle ». Au Canada, le site du ministère de la Santé va plus loin : « Une exposition à court terme à des niveaux élevés de plomb peut causer […] le coma ou même la mort ». Pour ce dernier, « Il n'existe pas de niveau d'exposition au plomb qui soit réputé 'sans danger' », en particulier pour les nourrissons et les femmes enceintes, d'où la nécessité d'une attention soutenue.

Réduire les risques

En cas de concentration trop importante de plomb dans un logement, des travaux de rénovation peuvent être requis. Le ministère de la Santé français recommande cependant d'être vigilant durant des rénovations, et d' « éviter tout grattage, ponçage […] des supports […] qui contiennent du plomb. Ces types d’intervention sont en effet ceux qui produisent le plus de poussières ». Il est plutôt conseillé de « privilégier au contraire le recouvrement […] par du papier peint, papier à peindre […]. Les éléments qui peuvent être démontés comme les plinthes, les portes, les fenêtres, les portes de placards peuvent éventuellement être remplacés, à décider au cas par cas en fonction de l’état de dégradation du revêtement qui les recouvrent. »

Pour aider les particuliers dans leurs travaux, des subventions peuvent être obtenues auprès de l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (ANAH), ou de certains conseils régionaux ou collectivités locales. Et pour réduire les risques au quotidien, plusieurs gestes et habitudes peuvent être pris, comme limiter l’exposition à la poussière, ou laisser couler l’eau quelques instants avant de s’en servir. Le ministère recommande enfin de se laver régulièrement les mains, d’empêcher les enfants de toucher ou de jouer près de murs dégradés peints au plomb, ainsi que d’avoir une alimentation la plus équilibrée possible.

Laura Makary