BFM Immo
Immobilier

Pour Airbnb, seulement 4.100 logements sont hors des clous à Paris

Airbnb relativise son impact sur le marché locatif parisien.

Airbnb relativise son impact sur le marché locatif parisien. - Patrick Kovarick - AFP

La plateforme affirme que 4.100 logements entiers ont été loués plus de 120 jours via ses services à Paris en 2019. Des chiffres que la ville de Paris conteste.

Airbnb a tenté de relativiser le nombre de logements loués à l'année à Paris via sa plateforme de locations touristiques, et par là même son impact sur le marché locatif de la capitale. Selon la plateforme, seuls quelque 4.100 logements entiers ont été loués plus de 120 jours via ses services à Paris en 2019, un chiffre "en baisse de 40% sur un an", en raison du blocage automatique mis en place depuis janvier pour les résidences principales. Cela signifie que "moins d'un logement entier sur dix" loué dans la capitale via Airbnb - sur 65.000 au total à Paris - l'a été plus de 120 jours, soit la durée légale pour les résidences principales, souligne-t-elle.

Et toujours selon la plateforme, seuls "2% des logements entiers" loués en 2019 via Airbnb l'ont été à l'année, soit quelque 1.040, dont 300 dans les quatre premiers arrondissements de la capitale. Il ne peut s'agir, si la location respecte la légalité, que de logements transformés en meublés touristiques via un changement d'usage: très contraignante à Paris, cette transformation impose une "compensation", c'est-à-dire la transformation d'un local commercial en un logement de surface au moins équivalente. Il peut aussi s'agir de logements proposés en "bail mobilité" ou mis en location par des propriétaires exemptés de limitation car ils s'absentent plus de 4 mois pour des raisons professionnelles ou de santé, mais ces cas demeurent marginaux.

Ces logements, qui ne sont pas des résidences principales, ne sont pas concernés par la limitation automatique à 120 jours mise en place depuis le 1er janvier dans 18 villes dont Lille, Bordeaux, Lyon, Nice, Nîmes ou encore Aix-en-Provence.

Airbnb, cause majeur de la difficulté à se loger?

C'est la première fois qu'Airbnb publie de tels chiffres, alors que l'ampleur du phénomène des locations touristiques entre particuliers fait l'objet d'une guerre de communication entre plateformes et nombre de grandes villes. Les premières assurent que les locations touristiques entre particuliers sont un phénomène marginal rapporté à l'ampleur du marché du logement, alors que les secondes voient dans le succès d'Airbnb notamment une cause majeure de la difficulté à se loger - en particulier à Paris où la maire socialiste Anne Hidalgo a évoqué l'interdiction de la plateforme dans certains quartiers.

Interrogée vendredi par l'AFP, la Ville de Paris a contesté les chiffres d'Airbnb. S'appuyant sur l'observatoire citoyen Inside Airbnb et ses propres opérations de contrôle, elle estime qu'"entre 25.000 et 30.000" appartements sont loués à l'année via Airbnb dans la capitale, et donc retirés du marché locatif classique au détriment des Parisiens. Selon elle, seules 40% des annonces mises en ligne par Airbnb sont légales car dotées d'un numéro d'enregistrement, contre 95% pour Booking et 75% pour Abritel. De son côté, Airbnb ne donne pas de chiffres, disant ne pas être "en mesure d'authentifier" ces enregistrements.

En février 2019, la mairie de Paris a assigné Airbnb en justice pour avoir mis en ligne 1.000 logements non enregistrés. L'activité des plateformes est toutefois de plus en plus régulée: voté fin novembre, le projet de loi "Engagement et proximité" leur impose de transmettre aux communes le nom du loueur et de dire si le bien loué constitue ou non sa résidence principale, afin d'identifier les éventuels contrevenants et de faire appliquer les sanctions prévues par la loi Elan sur le logement de 2018. Cette réglementation pourrait cependant vaciller voire tomber l'an prochain, après une première victoire judiciaire de la plateforme devant la Cour de justice de l'Union européenne.

Avec AFP

BFM Immo