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Prison requise contre un propriétaire qui louait sur Airbnb des appartements malgré un arrêté de péril

Le drame de la rue d'Aubagne

Le drame de la rue d'Aubagne - Loic Venance - AFP

Un homme a loué pendant deux ans et demi des appartements alors que l'immeuble était sous arrêté de péril grave et imminent. Il risque quatre mois de prison ferme à purger sous bracelet électronique et une amende de 3.000 euros.

Quatre mois de prison ferme à purger sous bracelet électronique et une amende de 3.000 euros ont été requis, mardi, contre le gestionnaire d'un immeuble qui louait les appartements sur Airbnb à Marseille, malgré un arrêté de péril grave et imminent. "C'est comme si, pendant deux ans et demi, il avait joué à la roulette russe, à la roulette marseillaise", a lancé le procureur Jean-Yves Lourgouilloux, en réclamant également une amende de 80.000 euros contre la société propriétaire de l'immeuble, une SARL appartenant au prévenu et à ses proches.

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Le parquet avait ouvert une enquête après la parution d'un article dans le quotidien La Marseillaise. "Oui, j'ai loué et je regrette", s'est défendu Abdelfateh Benhalilou, un maçon de 61 ans, qui a ainsi logé 2.300 touristes dans cet immeuble dangereux, via la plateforme de location temporaire Airbnb, entre juillet 2017 et novembre 2019, pour 138.232 euros au total: "Mais il me fallait de l'argent pour les travaux et réhabiliter cet immeuble qui est toute ma vie".

En avril 2017, la ville de Marseille avait pris un arrêté de péril grave et imminent interdisant l'occupation de cet immeuble situé place de l'Opéra, en plein centre-ville. Si les appartements avaient été rénovés, l'escalier menaçait de s'effondrer.

"Une carence des services chargés de contrôler"

Le drame de la rue d'Aubagne et ses huit morts dans l'effondrement de deux immeubles insalubres au coeur de Marseille, le 5 novembre 2018, a plané sur les débats: "Des gens sont morts dans la rue d'à côté et vous continuez à vous dire que ce n'est pas grave, vous continuez à louer?", a lancé la présidente du tribunal, Marie-Pierre Attali.

"L'immeuble ne menaçait pas de s'effondrer, tous les touristes étaient contents des appartements", a rétorqué Abdelfateh Benhalilou. Selon le procureur, le prévenu "a pu continuer à mettre en location en raison d'une carence des services chargés de contrôler les mesures qu'ils ont eux-mêmes prises": "La police municipale peut tout de même vérifier que les arrêtés du maire sont respectés".

Le défenseur du prévenu, Me Denis Fayolle, a réclamé l'indulgence du tribunal: "Ce dossier n'est pas celui d'un authentique marchand de sommeil, d'un nabab qui, au mépris de la vie des autres, aurait décidé de les envoyer dans des cages à lapins". Le procureur a demandé au tribunal de ne pas prononcer la confiscation de l'immeuble, alors même que la loi prévoit que celle-ci est automatique. Les travaux ayant été réalisés, le péril vient d'être levé fin mai. Le jugement sera rendu le 29 juin.

Avec AFP

D. L.