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"Répartiteurs de frais de chauffage : Surcoût ou économies ?"

Rachid Laaraj, fondateur du courtier en syndic Syneval

Rachid Laaraj, fondateur du courtier en syndic Syneval - dr

Après les détecteurs de fumée, un autre dispositif, encore largement ignoré du grand public, risque de faire couler beaucoup d’encre : les compteurs, dits « répartiteurs » de frais de chauffage. Le point de vue de Rachid Laaraj, fondateur du courtier en syndic Syneval.

Un répartiteur de frais de chauffage n’est autre qu’un discret compteur électronique qui se fixe sur chaque radiateur pour mesurer les calories dégagées. Certes, il ne concerne qu’environ 5 millions de logements, ceux disposant d’un système de chauffage collectif, mais ces logements étant eux-mêmes dotés de plusieurs radiateurs, on estime à près de 40 millions le nombre de répartiteurs à installer. Un marché qui suscite bien des convoitises…

Et un discours commercial convaincant : grâce aux répartiteurs, les occupants des immeubles équipés d’un système de chauffage collectif pourraient bénéficier des mêmes avantages que ceux des logements équipés d’un chauffage individuel.

« Liberté de choisir sa température, liberté de ne payer que ce que l’on consomme...». Tel est le leitmotiv des professionnels du comptage, parfois relayé par des professionnels de l’immobilier peu ou mal informés, négligeant quelques détails au passage.

D’abord, il existe dans ce que les copropriétaires considèrent comme la « facture de chauffage » de l’immeuble, des coûts qui ne peuvent être individualisés : celui de la maintenance de la chaufferie, de la part fixe de la facture d’énergie (abonnement) et celui de l’énergie consommée pour chauffer les parties communes (forfaitisée à 30 % de l’énergie consommée dans l’immeuble).

Seule une fraction de la facture dite « de chauffage » peut, en réalité, être mesurée par les répartiteurs et donc, être facturée individuellement. Inutile d’espérer une facture proche de zéro même si l’on s’absente durant toute la saison froide…

Un surcoût de 10 € par an et par radiateur et des économies hypothétiques

Ensuite, les répartiteurs engendrent une dépense d’environ 10 € par an et par radiateur, des relevés périodiques devant être effectués et interprétés par une entreprise spécialisée.

Une seule certitude : la facture individuelle de chauffage va s’accompagner d’une ponction de 10 € par an et par radiateur car les économies d’énergie - qui se situeraient selon l’Agence parisienne du climat entre 5 et 15 % pour l’ensemble d’un immeuble - restent hypothétiques : les occupants des appartements mal orientés ou mal situés (derrière un mur-pignon, au-dessus d’un parking ou en dessous d’un toit-terrasse mal isolé, par exemple) ou, encore les malchanceux ayant des voisins souvent absents ou peu frileux devront chauffer au moins autant, voire plus qu’avant la pose des répartiteurs et donc, payer plus qu’auparavant.

Il existe donc un risque élevé d’injustice ou d’inégalité. Certains logements bien situés thermiquement ou bien « entourés » loin des sources de froid vont pouvoir pratiquement ne plus utiliser les radiateurs situés dans l’appartement, c’est ce qu’on appelle le « vol de calories ».

De quoi faire réfléchir avant de voter tête baissée en assemblée générale pour l’installation de répartiteurs… Surtout si l’on affirme que ces répartiteurs sont obligatoires dans tous les immeubles chauffés collectivement. Car cette affirmation est, elle aussi, inexacte.

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