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Une habitante d'un immeuble évacué de Marseille demande au juge le droit de regagner son domicile

Le drame de la rue d'Aubagne le 5 novembre.

Le drame de la rue d'Aubagne le 5 novembre. - Loic Aedo - AFP

Depuis le 5 novembre, une habitante de Marseille a été évacuée de son logement. Son immeuble se situe dans le périmètre de sécurité établi après l'effondrement d'immeubles.

La propriétaire d'un appartement situé dans le périmètre de sécurité établi après l'effondrement d'immeubles le 5 novembre à Marseille a demandé lundi au juge des référés du tribunal administratif l'autorisation de regagner son domicile. Son avocat, Pierre Le Beller, a réclamé la suspension des deux arrêtés municipaux qui interdisent l'accès et l'occupation d'immeubles dont celui du 8 rue Jean-Roque où vit sa cliente, en limite du périmètre. Il a par ailleurs sollicité "la délivrance de tout document technique" justifiant ces arrêtés d'interdiction.

"Cette dame, qui comme d'autres, voit sa vie suspendue depuis le 5 novembre, demande au maire de démontrer que son bien présente des risques manifestes pour la sécurité, c'est la moindre des choses", a plaidé Me Le Beller. Selon lui, les deux arrêtés municipaux sont illégaux car ils n'indiquent pas de durée et "portent une atteinte grave et disproportionnée au droit de propriété, à la liberté d'aller et venir et à la dignité de sa cliente".

"On veut des certitudes"

De son côté la mairie de Marseille s'appuie sur un relevé de décisions d'un collège d'experts qui, le 4 décembre, n'avait autorisé la réintégration par leurs habitants que de quelques immeubles en bordure du périmètre d'exclusion. "Avant de remettre ces gens à 80 mètres du lieu des effondrements, on veut des certitudes", a expliqué Me Olivier Grimaldi, défenseur de la commune. "La crainte majeure reste un effondrement par effet domino".

La mairie a réclamé au syndic du 8 rue Jean Roque un diagnostic bâtimentaire avant toute décision sur une autorisation de réintégration, qui selon elle doit être pris en charge par le syndicat des copropriétaires. Ce que conteste Me Le Beller. Il considère que - comme cela a été le cas pour quelque deux cents immeubles évacués à Marseille - le maire doit faire usage de sa police spéciale en saisissant le tribunal pour la désignation d'un expert judiciaire.

À la barre du tribunal lundi, la mairie de Marseille s'est engagée à reloger à l'hôtel cette sinistrée, ce qu'elle refusait jusqu'à présent, selon elle. Le juge des référés rendra sa décision dans les prochains jours.

Depuis le 5 novembre et l'effondrement de deux immeubles dans le quartier de Noailles, en plein coeur de Marseille, qui avait fait 8 morts, plus de 1.600 personnes ont été évacuées de leur logement. Lundi soir, à l'appel du collectif du 5 novembre, qui rassemble notamment des sinistrés et des familles de victimes, plusieurs dizaines de personnes manifestaient devant la préfecture, derrière une banderole "Noailles meurt, Marseille en deuil".

Une barre d'immeuble vétuste et dangereuse totalement évacuée

Dans une autre partie de la ville, le bâtiment A du Parc Corot, au Nord de Marseille, une barre d'immeuble très délabrée, a été totalement vidée de ses occupants avec l'évacuation lundi matin de 152 personnes qui y vivaient encore. Cet immeuble envahi par les rats, aux murs recouverts de moisissure et à l'électricité délabrée, faisait l'objet depuis plusieurs mois des plaintes des habitants et des voisins.

Le drame du 5 novembre a révélé l'ampleur du fléau de l'habitat vétuste dans la cité phocéenne et précipité son évacuation. Cette évacuation avait commencé fin novembre, après que la mairie avait pris un arrêté "d'insécurité imminente", avec le déménagement et le relogement de 30 familles, locataires et propriétaires. Les occupants ont été transportés et "mis à l'abri" dans un gymnase du nord de la ville, où un "diagnostic social, de santé et administratif" est mis en oeuvre afin de les orienter au mieux, a annoncé la préfecture des Bouches-du-Rhône lundi soir.

Avec AFP

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