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Une "prison-habitat" dans le Jura ?

Quel sort pour le paisible village du Jura ?

Quel sort pour le paisible village du Jura ? - Google Street View

A Saint-Julien-sur-Suran, les villageois ont refusé l'édification dans leur commune d'une prison d'un genre nouveau, où les détenus jouiraient d’une certaine liberté tout en n'étant pas exclus de la vie locale. Mais le destin de la ville du Jura n’est pas encore scellé : la décision finale devrait être rendue demain.

Le petit bourg jurassien est littéralement divisé autour d'une épineuse question : pour ou contre le projet d’implantation d’une prison « libre » au cœur de leur commune ? Après un référendum qui a eu lieu dimanche, « le camp du non l’a emporté avec 20 voix d’avance », informe Le Parisien. Une compétition serrée, donc, dans une ambiance de polémique, où « même des anciens amis se disputent », déclare un habitant au quotidien.

Une prison où les détenus ont la clef de leur cellule

Lancé par Pierre Botton, ancien détenu « condamné dans les années 1990 pour abus de biens sociaux », ce nouveau concept de prison consisterait à « atténuer le choc carcéral », poursuit le quotidien. Cet homme d’affaire lyonnais, marqué par son incarcération, a fondé son association « Les prisons du cœur », afin d’améliorer les conditions de détention.

Né de ce combat pour une prison plus humaine, le bâtiment répondant au nom d’ « Ensemble contre la récidive » offrira aux détenus une liberté accrue : ces derniers disposeront de la clé de leur cellule, et il n’y aura « pas de fouille ni d’œilleton aux portes ». Ils pourront en outre travailler et faire leurs achats dans un « minicentre commercial, où les habitants des environs pourraient venir s’approvisionner ».

Un projet « pistonné » ?

Le projet de Pierre Botton a été mal accueilli par « l’administration pénitentiaire et la chancellerie [qui] n’ont pas encouragé le projet de cet homme sûr de lui », explique Le Parisien. Mais, grâce à des connaissances bienveillantes, telles que « Jacques Pélissard, député du Jura », et « de solides réseaux - notamment à l’Elysée », l’ex-prisonnier a obtenu gain de cause.

Une prison ou le moyen de redynamiser un village ?

Les opposants au projet, regroupés via l’association « Petite montagne espace de liberté » expriment avec virulence leur mécontentement, et la peur de perdre leur tranquillité. Catherine Baillet, une militante engagée contre ce projet, confie au Parisien sa crainte que « les proches des détenus déferlent sur le village pour jeter des produits par-dessus les grillages du centre ».

Mais, bien que les villageois ne soient pas séduits par l’idée de faire leurs emplettes avec les prisonniers, tout n’est pas encore joué. Gérard Guyot, maire de la commune, considère que ce refus des habitants « ne remet pas du tout en cause le projet », qui sera examiné demain soir au conseil municipal, où une décision finale sera rendue. Selon lui, les détenus seraient de puissants catalyseurs de dynamisme pour la commune, car, déclare-t-il au quotidien, « il faut de l’activité. La prison en apportera ».

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Marielle Davoudian