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L'architecte du Mucem de Marseille soupçonné de travail dissimulé sur un chantier

L'architecte a comparu cette semaine.

L'architecte a comparu cette semaine. - John Thys - AFP

Rudy Ricciotti comparaissait cette semaine devant le tribunal correctionnel de Toulon. Il aurait réalisé des travaux, dans sa villa privée, sans autorisation et avec des ouvriers non déclarés.

Architecte de renommée internationale, Rudy Ricciotti a comparu aux côtés de quatre autres prévenus cette semaine devant le tribunal correctionnel de Toulon pour des travaux réalisés sans autorisation dans sa propriété et avec des ouvriers non déclarés.

Les faits pour lesquels l'architecte du Mucem de Marseille risque une peine d'emprisonnement, une amende et une obligation de démolition, concernent une villa acquise par Rudy Ricciotti pour son compte en 2010 dans les calanques de Cassis (Bouches-du-Rhône) dans une zone naturelle classée.

La justice, qui avait mis en examen et placé sous contrôle judiciaire Rudy Ricciotti en 2013, lui reproche d'avoir fait travailler, lors des travaux de rénovation de sa maison de 2010 à 2012, des ouvriers non déclarés et en situation irrégulière, ce dont l'architecte, 66 ans, s'est défendu avec véhémence à la barre. "Je n'ai eu de cesse de demander (à l'entrepreneur, ndlr) si les ouvriers étaient bien déclarés, je ne suis pas fou au point d'avoir des travailleurs non seulement pas déclarés, mais aussi clandestins, ce n'est pas ma culture politique", s'est-il défendu. C'est sur ce volet de travail dissimulé que la procureure, Carine Somody, a requis quatre mois de prison.

Payés 50 euros par jour

Les travaux ont été effectués par une entreprise varoise, dont les dirigeants comparaissent aux côtés de l'architecte, pour un montant de 722.000 euros réglés par chèque par Rudy Ricciotti. Seuls 300.000 euros ont été retrouvés par les enquêteurs dans la comptabilité de cette entreprise. Les ouvriers étaient payés 200 euros chacun pour la journée contre seulement "130 euros chez Manpower", selon Rudy Ricciotti, qui assure avoir été "très généreux". L'instruction a néanmoins établi que les ouvriers n'étaient payés en réalité qu'environ 50 euros par jour, la différence étant conservée par l'entrepreneur.

Rudy Ricciotti a reconnu n'avoir sollicité aucune autorisation pour entreprendre ces travaux destinés à remettre la villa à son goût, en se défendant de toute extension de surface existante. Située dans le parc naturel des Calanques, la maison ne peut faire l'objet que de travaux de conservation, la zone étant inconstructible. "Tout était de mauvais goût, ça m'a pesé et c'est vrai que j'ai été pris de la passion du propriétaire", a admis l'architecte, la présidente du tribunal lui faisant remarquer qu'il n'était pas poursuivi "pour des choix esthétiques".

Sur le volet urbanisme, la procureure a demandé la démolition partielle d'un bâtiment, un pigeonnier transformé en salle de projection de cinéma, laissant à l'appréciation du tribunal la démolition d'une autre construction obtenue par la réunion de trois éléments existants. Dans ce même volet, une amende de 100.000 euros a aussi été demandée à l'encontre de Rudy Ricciotti.

La procédure avait commencé fortuitement par l'interpellation en mars 2012 de deux Tunisiens en situation irrégulière. Les deux hommes avaient alors dénoncé des faits de travail dissimulé possiblement commis par les prévenus. Le mois suivant, lors d'un contrôle sur la propriété de Rudy Ricciotti, huit personnes non déclarées, dont trois Tunisiens et un Marocain en situation irrégulière, avaient été découverts sur le chantier. Le parquet a requis quatre mois de prison. Le jugement a été mis en délibéré, au terme des plaidoiries de la défense.

Trois réalisations de l'architecte:

Le Mucem à Marseille

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Le Pavillon noir à Aix-en-Provence

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Le département des arts de l'Islam du Louvre

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Avec AFP

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