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Hippodrome de Compiègne : Woerth implique Matignon

L'ancien ministre du Budget, Eric Woerth

L'ancien ministre du Budget, Eric Woerth - dr

Mis en cause dans la cession de l’hippodrome de Compiègne, dans l’Oise et menacé par la possible ouverture de poursuites pénales, Eric Woerth sort de sa réserve et implique dans la décision de la vente les services de François Fillon.

Alors que l’ancien ministre pourrait faire l’objet d’une enquête de la Cour de justice de la République (CJR) pour « favoritisme et prise illégale d'intérêts » dans la vente d’une parcelle de forêt à la Société des courses de Compiègne (SCC), il décide de contre-attaquer dans les colonnes du Figaro.

L'affaire avait été révélée par Le Canard Enchainé et Marianne en juillet 2010. Les deux journaux insistaient sur le fait que la vente avait été faite juste avant son départ du ministère du Budget et que celle-ci avait été précipitée en raison de possibles accointances avec la SCC. A l'approche de l'étude du dossier par la Cour de Justice de la République, qui aura lieu le 13 janvier prochain, Eric Woerth est sorti de son silence et répond en détail aux accusations. « Je n'ai aucun intérêt - ni financier, ni politique, ni d'aucune sorte - dans cette vente. Ni ma femme [depuis 2008 elle est l'une des fondatrices et présidente de l'Écurie Dam's, NDLR] ni moi ne connaissons Antoine Gilibert, le président de la Société des courses de Compiègne. Je n'ai jamais fréquenté cet hippodrome. Enfin, ce serait un drôle de conflit d'intérêts que de favoriser un champ de courses concurrent de celui de ma ville de Chantilly » insiste-t-il.

« Matignon a tranché »

Eric Woerth précise aussi qu’avec cette vente, l’hippodrome loué par la SCC rapportait à l’Etat, non plus 45 000 euros de loyer annuel , mais 2,5 millions d’un coup, soit plus de cinquante ans de loyers. D’après lui, la cession a été faite dans l’intérêt de l’Etat et dans le cadre du renouvellement de sa politique de l’immobilier.

Mais c’est une seule petite phrase parmi l’ensemble des explications qui met le feu aux poudres. L’actuel député de l’Oise déclare en effet, que ce dossier ne l’a occupé que « six minutes, peut-être sept » et qu’en ce qui concerne l’attribution définitive de la cession, « le 12 mars 2010, c'est Matignon qui a tranché lors d'une réunion interministérielle informelle ». Le sommet de l'Etat a immédiatement réagit aux propos de son ancien ministre et a tenu à préciser que cette signature avait été faite en accord avec plusieurs ministères.

Nastasia Desanti