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À Madrid, une grande partie des locations Airbnb vont devenir illégales

Madrid adopte un plan radical contre les logements touristiques.

Madrid adopte un plan radical contre les logements touristiques. - John Macdougall - AFP

La mairie de la capitale espagnole va imposer aux propriétaires, au-delà de 90 jours de location touristique par an, une condition très spéciale pour continuer à louer un bien. Explications.

Airbnb n'est plus le bienvenu dans la capitale espagnole. La mairie de Madrid a adopté mercredi un plan drastique concernant les VUT ("viviendas de uso turístico"), c'est-à-dire les logements à usage touristique. Entrent dans cette catégorie des VUT tous les logements loués à des touristes plus de 90 jours par an. Le plan a été très critiqué par la plus connue des plateformes de location saisonnière, qui reconnaît l'existence d'un problème de logement à Madrid mais estime que les nouvelles normes ne sont pas la solution.

Au-delà de trois mois de location par an donc, les propriétaires devront désormais obtenir "une licence" pour l'usage touristique du logement, accordée seulement s'il dispose d'une entrée indépendante du reste de l'immeuble, comme pour un hôtel. Cette condition est généralement impossible à remplir dans les quartiers concernés et devrait donc placer près de 10.000 appartements touristiques en situation irrégulière. Ce qui représenterait autour 95% des VUT. Rien ne changerait en revanche pour les autres logements (loués via Airbnb moins de 90 jours). Selon les données du site indépendant Inside Airbnb, Madrid compte globalement (VUT et autres) un peu plus de 17.000 logements proposés sur Airbnb.

La mairie de gauche espère ainsi "préserver l'usage résidentiel du centre-ville en freinant la conversion de logements en habitations touristiques temporaires", selon son communiqué de presse. Il s'agit d'imposer "les mêmes conditions que doit déjà remplir tout type d'hébergement, comme les hôtels ou les pensions", a insisté Jose Manuel Calvo, conseiller municipal en charge du développement urbain durable.

Les Madrilènes quittent l'hypercentre

La maire de Madrid, l'ancienne juge Manuela Carmena, compte également endiguer l'explosion des loyers, qui pousse nombre de Madrilènes à quitter l'hypercentre. Selon les deux principaux portails immobiliers du pays, les loyers ont continué à augmenter à Madrid en 2018 - de 14,9% selon Fotocasa, 5,2% selon Idealista - après des années de très forte hausse.

La plateforme de gauche Ahora Madrid et les socialistes ont voté pour cette mesure, adoptée en conseil municipal. En revanche les conservateurs du Parti populaire (PP) et libéraux de Ciudadanos ont voté contre, à deux mois des élections municipales.

Dans une lettre ouverte adressée mardi à la mairie, le directeur général de Airbnb Marketing Services, Arnaldo Muñoz, a estimé que la nouvelle régulation "éliminerait la possibilité pour des milliers de familles à Madrid de bénéficier du tourisme, mettant en danger près de 800 millions d'euros d'impact économique et des milliers d'emplois". Airbnb affirme que "les logements entiers loués pour plus de 90 jours en 2018 représentent seulement 0,4% du total" des logements de la capitale. La solution est à chercher du côté des "153.100 logements vides représentant 10% du nombre total de logements à Madrid", assure la plateforme, reprenant des chiffres de 2013 de l'Institut national de la statistique.

(Avec AFP)

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