BFM Immo
A l étranger

Alors que les impayés de loyers se multiplient aux Etats-Unis, un expert de l'ONU veut interdire les expulsions

Aux Etats-Unis, des locataires appellent à annuler les loyers dus.

Aux Etats-Unis, des locataires appellent à annuler les loyers dus. - AFP

Le monde fait face à "un possible un tsunami d'expulsions", selon le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit au logement.

Avec la crise sanitaire qui s'installe et la multiplication des licenciements, de plus en plus de locataires peinent à payer leur loyer et et de propriétaires à rembourser leur emprunt. La situation devient particulièrement alarmante aux Etats-Unis. Près de 250.000 personnes pourraient ainsi risquer une expulsion dès septembre dans le comté de Clark au Nevada, qui abrite notamment la ville de Las Vegas, selon une étude du groupe de recherche de Las Vegas Guinn Center et du Covid-19 Eviction Defense Project de Denver. Cela représente plus de 10% de la population locale, comme le rappelle l'agence AP dans une dépêche publiée lundi. Or, un locataire peut y être expulsée seulement quinze jours après un impayé.

A New York, pourtant l'une des villes les plus riches des Etats-Unis, un quart des locataires ne paient plus leur loyer depuis mars. Et à l'échelle de l'ensemble du pays, pas loin de 40 millions de personnes risqueraient une expulsion dans les prochains mois, selon les estimations de l'institut Aspen, un think tank.

8.000 personnes expulsées en un jour au Kenya

Mais les Etats-Unis sont loin d'être le seul pays concerné. Le problème se pose partout dans le monde. Au Kenya, plus de 8.000 personnes ont été expulsées de chez elles en un seul jour en mai. Et au Brésil, plus de 2.000 familles ont perdu leur logement en pleine pandémie.

En France, la trêve hivernale, qui gèle les expulsions et qui s'arrête normalement fin mars, avait été prolongée jusqu'au 10 juillet dernier. Mais les procédures sont beaucoup plus longues dans l'Hexagone où elles peuvent prendre jusqu'à deux ans. En outre, le ministre du Logement, Julien Denormandie a indiqué que "seules les procédures d’expulsions locatives adossées à des possibilités de relogement opérationnel seront mises en œuvre". En attendant, "les propriétaires pourront solliciter l'indemnisation de l’État" quand les procédures d'expulsion n'auront pas été exécutées.

Appel à interdire les expulsions

Face à cette situation, un expert de l'ONU a appelé mardi à Genève les gouvernements à interdire les expulsions d'occupants de logements tant que durera la pandémie de Covid-19, lançant un cri d'alarme concernant l'augmentation du nombre des personnes ainsi expulsées de chez elles dans le monde. "Perdre son domicile pendant cette pandémie peut signifier perdre la vie", a souligné Balakrishnan Rajagopal, le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit au logement.

"Nous assistons aujourd'hui à une accélération (du nombre) des expulsions et des démolitions d'habitations", a déploré cet expert indépendant, nommé par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. "Le droit au logement est central dans toute réponse à la pandémie", a-t-il ajouté.

Des interdictions provisoires d'expulsions édictées "dans de nombreux pays sont terminées ou sur le point de l'être, ce qui suscite de graves inquiétudes quant à un possible un tsunami d'expulsions qui s'ensuivrait", a-t-il mis en garde.

"Les gouvernements ne devraient pas permettre que des gens deviennent des sans-abri au cours de cette pandémie car ils ont perdu leur travail et ne peuvent pas payer leur loyer ou leur prêt immobilier", a souligné l'expert. "Les expulsions forcées sont une violation scandaleuse des droits de l'homme", a-t-il martelé.

(Avec AFP)

J.L. D.