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Après son retrait de Cisjordanie, Airbnb attaqué en justice par une propriétaire

Kfar Adumim entre Jérusalem et Jericho.

Kfar Adumim entre Jérusalem et Jericho. - Gali Tibbon - AFP

En début de semaine, la plateforme a cessé de proposer des locations de logements dans les colonies israéliennes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël. Une habitante des colonies s'est insurgée contre une "rupture de contrat" et dénonce des agissements "discriminatoires" à l'encontre d'Israël.

La plateforme de réservation de logements en ligne Airbnb a été visée par une première plainte devant la justice israélienne, quelques jours après avoir annoncé qu'elle cessait de référencer des locations dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée. Un cabinet d'avocats israéliens a indiqué à l'AFP qu'une plainte collective avait été déposée la veille devant un tribunal de Jérusalem au nom d'une cliente qui pourra, selon le droit israélien, être rejointe par d'autres propriétaires déréférencés par Airbnb en Cisjordanie et qui souhaiteraient lancer une action en justice.

La Cisjordanie est un territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis plus de 50 ans. Les colonies qui y sont construites par Israël sont considérées comme illégales par la communauté internationale qui les voient comme l'un des principaux obstacles à la paix. Le gouvernement israélien conteste cette vision.

139 logements proposés

La plateforme Airbnb a annoncé lundi sa décision de renoncer à proposer ses quelque 200 offres de locations en Cisjordanie après de longues consultations avec des experts et en fonction de critères observés dans d'autres territoires occupés à travers le monde, parmi lesquels la contribution éventuelle de ses offres aux "souffrances humaines existantes". Soucieuse "d'agir de manière responsable", elle a souligné que les colonies de Cisjordanie étaient "au coeur de la querelle entre Israéliens et Palestiniens".

Le rapport de l'ONG américaine Human Rights Watch a répertorié 139 logements proposés par Airbnb dans des colonies de Cisjordanie entre mars et juillet 2018 et 26 annonces pour Booking.com. Dix-sept de ces logements ont été construits sur des terrains dont les autorités israéliennes ont reconnu qu'ils appartenaient à des Palestiniens avant d'être saisis, dit le rapport.

La plainte déposée jeudi, dont l'AFP a consulté une copie, s'appuie dans un premier temps sur le cas de Maanit Rabinovich, habitant la colonie de Kida dans le nord de la Cisjordanie et qui avait inscrit son logement sur Airbnb.

Peu de chances d'aboutir

Citée dans un communiqué, elle s'est insurgée contre une "rupture de contrat", arguant ne pas avoir été prévenue directement par Airbnb. La plainte dénonce surtout des agissements "discriminatoires" à l'encontre d'Israël, "des centaines de lieux dans le monde (étant) contestés et, pourtant, Airbnb continue d'y proposer des locations". Son retrait ne concerne pas les hôtes Airbnb en Israël.

Les avocats réclament 15.000 shekels d'indemnités (3.500 euros) pour Maanit Rabinovich et chaque hôte qui sera retiré du catalogue d'Airbnb et qui se joindra à l'action en justice. Le dépôt de cette plainte soulève toutefois des questions quant à ses chances d'aboutir, Airbnb n'ayant pas de bureau en Israël. Les avocats ont formulé une demande de poursuites aux États-Unis, la plateforme étant basée à San Francisco.

La décision d'Airbnb a provoqué l'indignation de la droite au pouvoir en Israël, dont une grande partie considère que la Cisjordanie devrait être reconnue comme faisant partie intégrante d'Israël. Le gouvernement combat farouchement depuis des années tout ce qui ressemble à une entreprise de boycott, qu'il dénonce comme une remise en cause de la légitimité de l'État hébreu. Environ 430.000 colons israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec plus de 2,5 millions de Palestiniens en Cisjordanie, occupée depuis 1967 par Israël.

Avec AFP

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