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Aux Etats-Unis, certains "rentiers Airbnb" croulent désormais sous les dettes

Les investisseurs qui ont tout misé sur Airbnb se retrouvent en difficulté

Les investisseurs qui ont tout misé sur Airbnb se retrouvent en difficulté - AFP

Beaucoup de propriétaire, qui avaient multiplié les acquisitions de logements pour les mettre en location sur Airbnb, se retrouvent sans aucun touristes mais avec des charges qui s'accumulent.

Cheryl Dopp appelait ça de "l'argent magique". Cette américaine de 54 ans avait flairé le bon filon en proposant trois maisons sur Airbnb, qui lui rapportaient une jolie somme. Rien qu'une de ses propriétés à Jersey City lui ramenait 8000 dollars par mois. Mais depuis le coronavirus, son petit business lucratif s'est retourné contre elle. "J'ai fait un marché avec le diable" explique-t-elle au Wall Street Journal. Depuis le mois de mars, les réservations ont été annulées et elle doit désormais faire face à des dépenses mensuelles de 22.000 dollars par mois.

Et elle n'est pas seule. Depuis l'émergence de la plateforme américaine, c'est toute une économie de la location qui s'est développée dans le monde entier, en parallèle de l'hôtellerie. Si la majorité des loueurs ne proposent qu'une chambre ou un seul logement, les multipropriétaires ont parfois de petits empires et certains spéculateurs y ont même vu un très bon investissement. En 2017, Le Monde répertoriait 1 offre sur 5 qui émanait d'un multipropriétaire en France, même si ce chiffre peut aussi englober des professionnels du tourisme.

C'est surtout bien plus important aux Etats-Unis, selon le site spécialisé AirDNA. Les deux tiers des hôtes (qui proposent des logements entiers) gèrent au moins deux propriétés. Et un tiers des hôtes possèdent même plus de 25 propriétés.

Tout un écosystème à l'agonie

La crise a donc mis à mal ce bon plan mais aussi toute une économie qui suivait ce mouvement: entreprises de ménage, d'entretien des jardins, d'architectes d'intérieur, conciergeries… aux Etats-Unis, beaucoup dépendent en grande partie d'Airbnb pour vivre. Au mois de mars rapporte le WSJ, les annulations Airbnb représentaient ainsi 1,5 milliard de dollars rien qu'aux Etats-Unis selon AirDNA, qui indique que 650.000 personnes gagnent de l'argent avec ces annonces.

Et, retour du bâton de cette économie collaborative encore émergente, le contrecoup de la crise n'a pas été imaginé et donc pas anticipé. Si le nombre d'annonce est trop faible pour créer une crise du logement, la survie de la plateforme dépendra de la durée de la pandémie. Le groupe américain a levé 1 milliard de dollars pour gérer la crise du coronavirus et a créé un Superhost Relief Fund, un fonds destiné à aider les hôtes réguliers qui affichent de sérieuses difficultés à payer leurs charges. "Les hôtes sont essentiels à ce qu’est Airbnb" a martelé Brian Chesky co-fondateur d’Airbnb. Car s'ils venaient à quitter la plateforme, ce serait évidemment catastrophique pour le géant californien, qui doit désormais reporter son introduction en Bourse à 2021.

Thomas Leroy pour BFM Immo

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