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Donald Trump ou "la caricature du promoteur immobilier" du XXe siècle

Donald Trump n'est pas vraiment un porte-étendard pour les pros de l'immobilier

Donald Trump n'est pas vraiment un porte-étendard pour les pros de l'immobilier - Spencer Platt - AFP

Avant d'être président des États-Unis, Donald Trump a eu une longue carrière dans l'immobilier. Si certains professionnels reconnaissent quelques beaux coups, ils estiment qu'il renvoie une image datée.

Il a beau venir de l'immobilier, Donald Trump trouve peu de disciples parmi les acteurs mondiaux du secteur qui étaient réunis à Cannes à l'occasion du Mipim du 12 au 15 mars. Si certains saluent son talent de négociateur, beaucoup s'en distancient, jugeant que le président américain renvoie une image datée de cet univers. Avant d'entrer en 2016 à la Maison Blanche, l'actuel président républicain des États-Unis, lui-même fils de promoteur, avait mené une longue carrière dans l'immobilier. Et il l'avait mise régulièrement en avant lors de la campagne présidentielle pour assurer de sa capacité à mener des négociations et trouver des solutions.

"Comme il vient du privé, il prend des décisions qui visent à avoir des résultats et il en obtient sur l'économie", avec une croissance américaine florissante depuis son élection, affirme auprès de l'AFP Marwan J. Al Sarkal, président de l'organisme chargé du développement économique de l'émirat arabe uni de Sharjah. "Il a eu du succès comme promoteur et il en a comme dirigeant", poursuit-il, estimant qu'un homme politique au parcours classique serait moins performant.

"C'était un négociateur redoutable"

Ce jugement positif est isolé parmi les professionnels interrogés par l'AFP à l'occasion du rendez-vous annuel mondial du secteur, le Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim) de Cannes, qui tendent à éluder les rapports entre l'immobilier et la personnalité clivante de Donald Trump. "Clairement, son expérience joue sur sa manière d'agir. C'était un négociateur redoutable et il est bien meilleur sur ce plan que la plupart des hommes politiques", admet à l'AFP Mike Adams, président du groupe britannique d'immobilier de santé Octopus Healthcare. "Seulement, les hommes politiques, eux, s'y connaissent en diplomatie et pour arrondir les angles."

De fait, l'une des composantes emblématiques de la politique offensive de Donald Trump, la guerre commerciale déclenchée par son administration envers la Chine, figurait dans le programme de conférences du Mipim. Mais ce sujet géopolitique apparaissait moins prégnant que les doutes sur un Brexit sans accord, à quelques jours de la date butoir.

L'ancien promoteur sert surtout de contre-exemple à plusieurs de ses collègues, qui s'en distancient de manière plus ou moins affirmée pour afficher une image différente de l'immobilier. "Donald Trump a probablement été un bon promoteur: il a fait des coups probablement géniaux, la Trump Tower et tout ça", reconnaît auprès de l'AFP Alain Taravella, président fondateur du français Altarea Cogedim. "Mais je pense que le métier que je fais, créer la ville, écouter les habitants, ce n'est pas le même métier que celui qu'il faisait", poursuit-il. "C'est un peu la caricature du promoteur immobilier; quelqu'un qui faisait de super coups et qui s'est parfois super planté. Il a eu des problèmes avec des banques qu'il n'a pas remboursées."

"Une industrie immobilière qui n'existe plus"

Au cours des années 1990 et 2000, Donald Trump a mis plusieurs fois en cessation de paiement ses casinos, principalement détenus à Atlantic City dans l'État du New Jersey. "Ni ce qu'il a réalisé dans sa vie - faire des casinos -, ni ce qu'il a fait architecturalement - relancer les colonnes grecques - ne m'a jamais inspiré", renchérit auprès de l'AFP le promoteur Alexandre Allard, porteur d'un gigantesque projet de rénovation d'un quartier au Brésil à Sao Paulo. "C'est le produit du 20e siècle, c'est une industrie immobilière qui n'existe plus."

De fait, les positions de Donald Trump, notamment son scepticisme quant au réchauffement climatique, n'apparaissent guère conciliables avec le discours mis en avant par le Mipim autour de la "responsabilité durable", notamment environnementale. Cette année, le Mipim avait d'ailleurs confié sa conférence inaugurale à l'ancien secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, très engagé en faveur de l'environnement.

(Avec AFP)

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