BFM Immo
A l étranger

En attendant le Brexit, la baisse des prix immobiliers s'accélère à Londres

En attendant un accord définitif sur le Brexit, les prix immobiliers baissent à Londres

En attendant un accord définitif sur le Brexit, les prix immobiliers baissent à Londres - AFP

Les prix moyens n'avaient plus connu une telle chute au mois de novembre depuis 2012 dans la région de Londres. L'offre se restreint, alors que les négociations sur le Brexit se poursuivent.

Mois après mois, le marché londonien s'enfonce et confirme son retournement. Selon les dernières statistiques officielles disponibles, le prix moyen d'un bien immobilier dans le centre de Londres ("Inner London", trois fois grand comme Paris) a baissé de 2,3% sur un an. Ce prix moyen est ainsi passé de 593.000 livres en septembre 2017 (un record historique) à 579.000 livres (650.000 euros) en septembre dernier. Qu'il semble loin le temps où les prix flambaient outre-Manche, progressant jusqu'à plus de 20% sur un an lors de l'été 2014. Il faut d'ailleurs remonter à 2009, en pleine crise, pour trouver un recul des prix du même ordre dans le cœur de la capitale britannique.

Le même phénomène s'observe à l'échelle du Grand Londres (Greater London, environ deux fois la superficie couverte par la métropole du Grand Paris). En revanche, si la tendance est semblable, elle est beaucoup moins marquée : -0,3% sur un an en septembre, avec un prix moyen de vente de 482.000 livres. Là encore, un repli des prix n'avait plus été constaté dans la région depuis fin 2009.

Dans les deux cas, les volumes de vente se tassent de façon spectaculaire : -18,6% en juillet sur un an dans l'ensemble de la région et -29,3% pour l'Inner London.

Une chute bien plus marquée dans les quartiers centraux

Et la tendance est plutôt en train de se renforcer. Rightmove, le plus gros portail immobilier du Royaume-Uni, a diffusé lundi 19 novembre sa dernière enquête sur le marché immobilier britannique. Rightmove a étudié à la loupe plus de 120.000 annonces immobilières sur l'ensemble du Royaume-Uni, soit 90% du marché, et compilé les prix demandés par les vendeurs sur son site du 7 octobre au 10 novembre. Les données sont donc légèrement différentes de l'Office for national statistics, qui récupère les prix signés après d'éventuelles négociations. Elles ont néanmoins l'avantage d'être plus récentes.

En seulement un mois, les prix des biens à vendre ont dévissé de 1,7% dans le Greater London. Si à cette époque de l'année, il y a un effet saisonnier indéniable, c'est aussi "la plus forte chute constatée en novembre depuis 2012", souligne Rightmove. Sur un an, le déclin est de 2,4%, avec un prix moyen de 614.271 livres. Mais c'est dans le centre de Londres que la chute est la plus spectaculaire : -4,3% sur un an dans l'Inner London. Et plus on se rapproche du cœur de la capitale anglaise, plus les prix diminuent sensiblement. On atteint ainsi -6,9% sur un an en novembre dans la zone 1, c'est-à-dire à Central London, un territoire qui fait un peu moins d'un tiers de Paris intra-muros.

Des négociations interminables

Les nouveaux vendeurs sur le marché sont 9% moins nombreux qu'il y a un an à la même époque pour le Grand Londres et cette chute atteint 26% dans la zone 1. "Il apparaît que les vendeurs qui ne veulent pas baisser leur prix restent en dehors du marché, peut-être en attendant qu'il y ait davantage de certitude sur le Brexit ou une remontée des prix", analyse dans un communiqué Miles Shipside, le directeur de Rightmove. "Avec des propriétés qui arrivent sur le marché à un prix moyen de 1,3 million de livres dans la zone 1, il est probable que les propriétaires soient davantage en capacité financière de reporter la commercialisation de leur bien que ceux des quartiers moins chers, jusqu'à ce qu'ils jugent que ce soit un meilleur moment pour vendre", ajoute-t-il.

Le marché du haut de gamme à Londres est donc dans l'expectative. Au troisième trimestre, les ventes de biens de plus de 2 millions de livres a plongé de 25% sur un an, confirmait d'ailleurs récemment une autre étude citée par le Financial Times de LonRes, une société spécialisée dans les données immobilières.

Les négociations interminables sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, votée par référendum en 2016, pèsent de plus en plus dans la balance. Si un projet d'accord a récemment été trouvé, ce dernier a entraîné la démission de plusieurs membres du gouvernement britannique et il doit encore être validé définitivement des deux côtés de la Manche. Dimanche, un Conseil européen extraordinaire doit ainsi se réunir pour régler les derniers détails et valider ou non le deal. Le Parlement européen et le Parlement britannique devront également donner leur feu vert pour ratifier le texte. Jusque-là, ce sera "wait and see" sur le marché de la pierre…

Jean Louis Dell'Oro