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L'immobilier de luxe s'envole en Ethiopie

Vue d'Addis Abeba

Vue d'Addis Abeba - Wikimedia Commons

Les biens hyperluxe poussent comme des champignons à deux pas de la capitale, Addis Abeba. Tout comme le nombre de millionnaires...

"Yerrer View Homes", c'est 600 hectares de luxe qui vont voir le jour à 20 kilomètres de la capitale. Un lotissement grand luxe symbolique de l’attrait croissant pour le très haut de gamme en Ethiopie, pays encore souvent associé à la famine, mais où se développe une classe aisée. Il y a dix ans, l’actuelle banlieue cossue de Yerrer n’était que de champs. Aujourd’hui, les imposantes villas à colonnades sont parfaitement alignées derrière les clôtures blanches et les haies de lauriers roses. La pelouse est impeccablement tondue.

"Nous vendons un style de vie, plus que de simples logements", explique à l'AFP Haile Mesele, le patron du Country Club Developers, promoteur à l’origine du projet. "Nous ne faisons pas de publicité. Nous préférons que les résidents colportent les offres et choisissent d’une certaine manière leurs voisins", ajoute-t-il. Le projet a commencé à sortir de terre il y a dix ans et devrait être achevé d’ici quatre ans.

De style méditerranéen, victorien ou contemporain, 5.400 maisons au total - dont certaines déjà habitées - accueilleront environ 20.000 personnes. L'ensemble sera doté d'un golf, d'un hôtel cinq-étoiles avec spa, d'un centre commercial, d'une école, d'une clinique et d'une ferme biologique de 200 hectares. Des équipements luxueux censés assouvir les besoins et envies d'une nouvelle classe sociale aisée qui émerge dans un pays où la croissance avoisine les 10% par an depuis dix ans. "Quand nous avons commencé, la croissance économique n’était pas aussi forte", se souvient Haile Mesele. "La moitié de notre clientèle venait de la diaspora. Mais depuis, l’économie s’est renforcée. Près de 85% des résidents sont des locaux."

Des maisons à 374.000 euros

La maison type mesure 500 mètres carrés en moyenne, sur 1.000 mètres carrés de terrain. Dans l'une d'elles, une large cuisine américaine trône au milieu du salon. Un escalier imitation marbre vrille vers l'étage. Les trois chambres "pour enfants" ont chacune une salle de douche. La chambre principale est dotée d'une cheminée et d'un dressing de 20 mètres carrés. Dans la salle de bain subsiste "un espace libre si les propriétaires veulent installer un sauna", précise le promoteur. Ne reste qu'à installer le système de sécurité: des caméras de surveillance capables de lire une plaque d'immatriculation afin d'anticiper l'ouverture du portail, un détecteur de fumée et d’effractions qui alerte automatiquement les autorités.

Prix de vente d'une telle maison : 400.000 dollars, soit 374.000 euros. Une fortune dans un pays où les salaires restent extrêmement bas. "Le mètre carré (bâti) ici est vendu 17.000 birrs (800 dollars), c'est très raisonnable comparé au centre d'Addis Abeba", ajoute Haile Mesele. A Bole, quartier huppé de la capitale, des terrains se vendent jusqu'à 65.000 birrs le mètre carré.

"Nouveau Manhattan"

Résultat : le quartier est devenu "une sorte de nouveau Manhattan", explique son manageur Britania Ephrem. L'Union africaine et plusieurs ambassades ayant leurs bureaux non loin."Chaque appartement ici a sa place de parking intérieur. Les ascenseurs fonctionnent, ce qui n'est pas le cas ailleurs", souligne Britania Ephrem, évoquant aussi les générateurs et citernes en nombre suffisant, la bonne pression de l'eau, le jardin...

Dans une étude récente, le cabinet de conseil sud-africain New World Wealth estime qu'il y a désormais 2.700 millionnaires en Ethiopie, une hausse de 108% entre 2007 et 2013, la plus rapide du continent. Reste que l'inflation, qui a duré jusqu'en 2011 - atteignant un record de 64,2% en juillet 2008 -, a été "dévastatrice", souligne Haile Mesele. Elle a fortement freiné les projets: "Nous avons dû ralentir notre business et les délais ont pris du retard", explique M. Mesele. "Depuis, l’inflation s’est stabilisée (à environ 12%, ndlr) et nous sommes à nouveau bénéficiaires depuis l’an dernier", conclut-il.

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Avec AFP

Léo Monégier