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La maison d'enfance d'Hitler embarrasse l'Autriche

Le centre-ville de Braunau, en Autriche

Le centre-ville de Braunau, en Autriche - Wikimedia

La possible reconversion de la maison d’enfance d’Adolf Hitler en immeuble résidentiel fait débat dans la petite bourgade de Braunau am Inn.

Faut-il reconvertir ou non en logements la maison d'enfance d'Adolf Hitler ? C'est la question qui échauffe les esprits en ce moment dans la petite bourgade de Braunau am Inn, en Autriche. C’est en effet dans l'une des bâtisses d'apparence anodine de cette ville située non loin de Salzburg que le dictateur est né, le 20 avril 1889. Et bien que sa famille n’y ait vécu que les trois premières années de sa vie, la demeure semble marquée à tout jamais au fer rouge.

Propriété d’une retraitée de la ville de Braunau, la maison est louée depuis 1972 au ministère de l’Intérieur autrichien, qui lui-même la sous-loue à la municipalité, selon Reuters. Après avoir hébergé la famille Hitler, la bâtisse est devenue tour à tour une bibliothèque, une banque, une école, et jusqu’à l’année dernière, elle a abrité les locaux d’une association caritative pour handicapés. Aujourd’hui inoccupée, la maison à l'avenir incertain embarrasse à nouveau la municipalité. En effet, la question de sa future affectation oppose partisans de l’héritage historique à sauvegarder et ceux qui veulent définitivement clore ce triste chapitre de l’histoire de la ville.

Logements ou « lieu de mémoire de l'Holocauste »

Le maire de Braunau, Johannes Waidbacher, a mis le feu aux poudres récemment, en évoquant une possible reconversion en logements résidentiels. Interrogé par le quotidien germanophone Der Standard, l’édile aux couleurs du parti chrétien conservateur a déclaré « Posons-nous la question de savoir si un autre lieu de mémoire de l’Holocauste a un sens, alors qu’il y en a déjà pas mal par ici », rapporte Reuters. Visiblement préparé à la critique, il a ajouté : « de toute façon, nous sommes stigmatisés. Hitler a passé les trois premières années de sa vie dans cette ville, ce n’était certainement pas la phase la plus décisive de sa vie ».

Une « Maison de la responsabilité »

Le dernier mot reviendra de toute manière à la propriétaire et au ministère de l’Intérieur, ce dernier ayant assuré qu’il veillerait à ce que la maison ne devienne pas le QG d’un groupuscule néo-nazi. Parmi les propositions les plus solides figure celle d’un historien local, Andreas Maislinger, qui projette d’en faire une « Maison de la responsabilité », destinée à accueillir des jeunes de tous horizons. L’endroit deviendrait ainsi un lieu de réflexions autour du passé du pays, de coordination de projets, tels « une veille des droits des Roms en Europe », a indiqué l’historien…

Léo Monégier