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Les Chinois, nouveaux châtelains bordelais ?

Vers de nouvelles récoltes chinoises

Vers de nouvelles récoltes chinoises - Frédéric Esplandiu / Wikimedia

Les Chinois, attirés par la France depuis longtemps, jettent depuis quelques temps leur dévolu sur la région de Bordeaux, sa production de vin et ses châteaux.

Après les sacs Louis Vuitton et le Chanel n°5, les Chinois se passionnent pour le Bordeaux. Le vin est très apprécié en Chine, qui est « devenue l’an dernier la première destination à l’export », informent ce matin Les Echos. Mais à présent, ce sont les prestigieux châteaux bordelais qui sont pris d’assaut. Le quotidien rappelle qu’ « entre 20 et 30 propriétés ont été acquises » récemment, comme le château de Viaud par le géant de l’agroalimentaire Cofco, ou le château Richelieu de Fronsac. Rappelons également la vente en 2011 du domaine Châteaux Latour-Laguens à Longhai International Trading Co. Ltd, ainsi que celle de Chenu Laffite à un milliardaire chinois.

Récemment, c’est la propriété du Grand Moueys qui a été acquise par Jinshan Zhang, fondateur de la société NingXia. Le prix de vente de ce domaine n’est pas connu, mais devrait être d’environ 5 millions d’euros. Cette superbe propriété de style néo-gothique, entourée de 170 hectares avec 58 vignes, appartenait précédemment à la famille Bömers, qui produisait du vin dans la tradition bordelaise via sa filiale « Caves des Grands Vins Français » (CAVIF). Aujourd’hui rachetée, sa transaction ne s’est certainement pas faite au hasard, et son acquéreur nourrit pour elle de grands projets.

Une récolte « à la chinoise »

« A l’instar de la plupart des acheteurs, Jinshan Zhang a des idées précises sur l’avenir de la propriété », soulignent Les Echos. Loin d’être seulement une pittoresque destination de vacances, le château Grand Moueys va être exploité par le riche industriel déjà spécialisé dans la production d’alcool, mais aussi l’immobilier et la restauration. Il « prévoit d’investir 4 millions d’euros dans la propriété qui emploie 15 personnes, et d’adapter le vin au goût chinois ». Espérant bientôt une production très « locale » qui s’exportera à 90 % en Chine, Jinshan mise sur « 1 million de bouteilles par an ». Il compte également faire venir les touristes chinois dans la région bordelaise, en créant des chambres d’hôtes ainsi qu’une « restauration chinoise luxueuse ». Olivier Vizerie, fondateur de l’agence Millesime Immobilier, confie au quotidien qu’il pourrait vendre prochainement aux investisseurs chinois pour « entre 20 et 50 millions d’euros, y compris pour des grands crus classés du Médoc ou de Saint-Emilion ». Il est encore temps, donc, de déguster un Pauillac, un Sauternes ou un Pomerol, dans l’attente des vendanges Made in China.

Marielle Davoudian