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Les dirigeants ukrainiens veulent pouvoir vendre les terres agricoles du pays

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(Photo d'illustration) - TheDigitalArtist - Pixabay

Le Parlement ukrainien a adopté un projet de loi controversé. Le "grenier à blé de l'Europe" va autoriser, dès 2020, la vente de terres arables.

Le Parlement ukrainien a adopté, ce mercredi 13 novembre dans la douleur en première lecture, un projet de loi porté par le nouveau président pour autoriser dès 2020 la vente des fertiles terres agricoles du pays, un texte très controversé. À l'issue d'une séance houleuse et malgré des manifestations, 240 députés ont voté en faveur du projet de loi, soit 14 voix de plus que la majorité requise. Jadis baptisée "grenier à blé de l'Europe", l'Ukraine dispose de 32,5 millions d'hectares de terres arables - soit près du double de la France - parmi les plus fertiles du monde. Actuellement, celles-ci ne sont disponibles qu'à la location.

Selon les estimations de la Banque mondiale, l'ouverture du marché pourrait entraîner une croissance annuelle de 1,5% supplémentaire chaque année dans ce pays qui se classe parmi les plus pauvres d'Europe. "Ce jour entrera dans l'Histoire de l'Ukraine", s'est félicité sur Facebook le Premier ministre ukrainien Oleksiï Gontcharouk, après le vote, "nous allons enfin pouvoir faire la transition du féodalisme vers de véritables relations de marché".

Craintes des Ukrainiens

D'après les sondages, entre la moitié et les deux-tiers des Ukrainiens sont opposés à une telle perspective, de crainte qu'elle ne profite qu'à des oligarques ukrainiens et à d'importants groupes étrangers. Signe des tensions autour de ce texte, le président Volodymyr Zelensky, qui veut mener tambour battant cette réforme libérale attendue des bailleurs de fonds occidentaux, n'a pas pu réunir derrière ce projet la totalité des députés de son parti pourtant majoritaire. Il a dû s'appuyer sur une douzaine d'élus indépendants.

Ce projet de loi, dont l'adoption définitive est attendue avant la fin de l'année, prévoit à partir d'octobre 2020 un accès à la propriété uniquement pour les personnes physiques et morales ukrainiennes. Pour tenter de rassurer, Volodymyr Zelensky a aussi promis un référendum avant d'ouvrir ce marché aux étrangers. Les détracteurs du texte craignent cependant que ces restrictions soient contournées. "Tout le monde a peur! Personne ne sait comment cela va se passer, nous ne sommes pas protégés", s'est insurgé le fermier Dmytro Tkatchenko venu de la région de Jitomir (centre), pour manifester devant le Parlement mercredi. "Les Allemands, Français, Chinois (...) se préparent à acheter les terres ukrainiennes", a estimé une manifestante retraitée, Tetiana Koulich.

Avec AFP

D. L.