BFM Immo
A l étranger

Les "palais rom" de Soroca en Moldavie laissés à l'abandon

Exemple d'un "palais rom" à l'abandon

Exemple d'un "palais rom" à l'abandon - Sergei Gapon - AFP

Les palais roms sont vus comme l'expression du "prestige et de la réussite" des propriétaires. Mais aujourd'hui, les propriétaires sont morts ou partis à l'étranger.

Elles portent des surnoms comme le "Théâtre du Bolchoï" ou le "Capitole" mais ces demeures à l'allure exotique du quartier rom de Soroca, dans le nord de la Moldavie, restent désespérément vides. "Les propriétaires sont morts ou sont partis à l'étranger", dit Sandu, un retraité assis sur un banc devant l'un de ces imposants bâtiments.

Attraction touristique de cette ville de 22.000 habitants, les "palais roms" tranchent avec les maisons modestes où vivent la plupart des membres de cette communauté, en proie à la pauvreté et au chômage. Leur style architectural a évolué au gré des voyages des migrants roms à l'étranger, à la recherche d'un gagne-pain. "A partir de 1999, ils ont commencé à se rendre en Russie puis de là-bas plus loin, vers le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et l'Azerbaïdjan", explique à l'AFP Artur Cerari, 41 ans, qui se présente comme le fils du "baron des Roms".

Répliques de l'Ermitage ou du Bolchoï

Derrière lui, une bâtisse à la coupole dorée surmontée d'un minaret rappelle une mosquée azérie. De l'autre côté de la rue, un bâtiment gris, austère, fait penser à un temple grec. Sa copie parfaite se trouve quelques dizaines de mètres plus loin, indique Sandu. Selon lui, le propriétaire avait fait construire deux maisons identiques pour ses filles, mais aucune d'entre elles ne vit désormais en Moldavie. "Si vous allez à droite, vous allez voir une réplique du musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, de l'autre côté, c'est le Théâtre du Bolchoï", intervient un jeune homme, Alin, témoignages des déplacements en Russie faits par les Roms.

Sur la trentaine de palais que compte la "colline des Roms" de Soroca, explique-t-il, "seule une poignée est habitée". La construction de certaines de ces demeures a commencé dans les années 1980, alors que la Moldavie faisait encore partie de l'Union soviétique. D'autres, plus récentes, sont restées au stade de squelette de béton, faute d'argent.

Selon l'architecte roumain Rudolf Gräf, les palais roms, rencontrés dans la plupart des pays d'Europe de l'est, sont vus comme l'expression du "prestige et de la réussite" des propriétaires. Ces derniers se livrent souvent à la surenchère, ajoutant des tours supplémentaires ou des colonnes toujours plus imposantes pour impressionner leurs voisins. A Soroca, les volets sont tirés et aucune lumière n'anime la plupart de ces bâtiments. Mais Artur Cerari garde l'espoir de voir ces palais retrouver bientôt leur âme: "Si le bon Dieu le veut, nos Roms retourneront en Moldavie pour vivre ici".

Avec AFP

D. L.