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Los Angeles se dote de "mini-maisons" pour les personnes sans-abri

Exemple d'une "tiny home"

Exemple d'une "tiny home" - Patrick Fallon - AFP

Ces "tiny homes", temporaires, offrent une transition entre la rue et un logement permanent.

Ce sont de toutes petites habitations en préfabriqué, installées sur un parking à Los Angeles. Ces "tiny homes", ou minuscules maisons, se multiplient dans la ville pour tenter d'offrir aux personnes sans-abri une transition entre la rue et un logement permanent. La question se pose particulièrement dans la métropole californienne, qui accueille Hollywood, ses stars et ses paillettes mais aussi des dizaines de milliers de personnes sans domicile fixe, dont les tentes et la détresse sont visibles à travers la cité.

Dans le quartier de Tarzana, 76 de ces maisonnettes financées par la ville ont été installées. Chacune fait environ 6 mètres carrés, est équipée de deux couchettes, d'étagères, d'un climatiseur et d'un chauffage. Une mini-maison coûte 6.500 dollars et peut être montée en 90 minutes. Toilettes et douches sont communes, et des machines à laver dernier cri font face à de grandes tables orange vif sous des parasols, donnant aux lieux des airs de camping.

Le processus commence par "une douche chaude, un bon repas et la mise au point d'un programme de travail" en vue de sortir de la précarité, explique Rowan Vansleve, directeur financier de l'ONG Hope of the Valley qui gère le tout nouveau "village". Puis "on vous attribue une mini-maison et vous allez travailler sur ce programme le temps qu'il faudra", ajoute-t-il. Techniquement, ce sont trois mois renouvelables jusqu'à ce que la personne trouve un logement permanent, selon Brandon Hanner, responsable des lieux pour l'ONG.

Des habitations sécurisées

Le premier "village" de ce type à Los Angeles a ouvert ses portes début 2021 et plusieurs autres ont suivi. Des initiatives similaires ont vu le jour ces dernières années ailleurs en Californie, comme à San Jose, ou à Seattle dans l'Etat de Washington. Zuri-Kinshasa Maria Terry, 46 ans, s'est installée dans une des mini-maisons de Tarzana la veille. Elle dit s'être retrouvée à la rue il y a un an, après avoir passé deux semaines en soins intensifs à cause du Covid-19. Voilà deux mois qu'elle attendait, impatiente, que le site ouvre ses portes -- elle avait repéré les travaux après avoir planté sa tente au coin de la rue. "Je ne réalise pas encore", sourit cette ancienne strip-teaseuse.

En plus de lui permettre d'avoir une certaine intimité, le principal atout de ces "tiny homes" individuelles ou pour couples, par rapport à la rue mais aussi aux refuges traditionnels, généralement collectifs, c'est "la sécurité", explique celle qui veut maintenant suivre une formation pour devenir agent immobilier. Le site est gardé 24 heures sur 24 et, si les résidents n'ont pas la clé de leur logement, ils peuvent le verrouiller de l'intérieur, selon Rowan Vansleve. Ils ont accès à des médecins et des psychologues, et trois repas par jour leur sont fournis. Chez les organisations travaillant auprès des personnes SDF, les réactions sont mitigées.

L'immobilier reste cher

Certes, ces mini-maisons pourraient "constituer une transition très positive" pour certains, dit Mayer Dahan, fondateur du Dream Builders Project. Mais il reste perplexe face à une tendance qui semble préférer "résoudre les symptômes plutôt que les problèmes sous-jacents". Car le problème de la cité californienne, estime Shayla Myers, de Legal Aid Foundation of Los Angeles, "c'est qu'il y a trop peu de logements abordables pour que les gens quittent ces refuges pour un logement permanent".

Tout en reconnaissant qu'"il s'agit d'une meilleure option temporaire" pour certaines personnes, Shayla Myers juge ces habitations "incroyablement chères" en raison de leur coût de fonctionnement, et estime que la Californie doit faire davantage. "On ne peut pas résoudre la crise des personnes sans-abri sans s'attaquer aux racines, qui sont la pauvreté, l'inégalité dans la répartition des richesses et un manque d'options de logements abordables", dit-elle.

Mais la ville semble vouloir aller vite pour débarrasser les trottoirs des campements, surtout après qu'un juge lui a ordonné, avec des mots très durs pour la stratégie adoptée pour lutter contre la crise, de trouver un logement à une partie d'entre eux d'ici l'automne. Zuri-Kinshasa Maria Terry se dit très consciente que les mini-maisons sont loin d'être une solution parfaite, mais pour l'instant, dit-elle, "ça fait l'affaire". Car être dans la rue, "c'était la chose la plus terrifiante du monde", affirme-t-elle.

Avec AFP

D. L.