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Northern Rock en pleine tourmente, abandonné par ses clients

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On n’avait plus vu ça depuis plusieurs décennies au Royaume-Uni : des milliers d’épargnants inquiets font la queue devant les agences de l’établissement de crédit Northern Rock, mis en difficulté par la crise du « subprime », pour demander la fermeture de leurs comptes.

Selon la presse britannique, pas moins de 1,5 à 2 milliards de livres sterling auraient ainsi été retirés des guichets de la banque au cours des deux seules journées de vendredi et samedi, et rien ne semblait tarir l’hémorragie lundi après-midi.   Cette crise de confiance a débuté après que la Banque d’Angleterre (BoE), pourtant indépendante depuis 1997, a accepté en fin de semaine dernière de consentir un prêt d’urgence à Northern Rock, huitième banque du pays et numéro cinq du prêt immobilier, pour lui permettre de poursuivre son activité.   Le cas Northern Rock est inédit, ses difficultés ne provenant pas d’une exposition directe à des secteurs à risque (comme on a pu le voir récemment avec les banques allemandes IKB ou Sachsen LB), mais de son incapacité à se refinancer sur les marchés monétaires et à « accéder au marché de la titrisation immobilière, dont il est particulièrement dépendant », comme le rappelait vendredi l’Autorité britannique des services financiers (FSA). La FSA qui assurait vendredi que Northern Rock n’était pas menacé de faillite, mais dont l’optimisme n’a visiblement pas convaincu les clients de la banque… Incapable de poursuivre sa route seul, le groupe serait maintenant à la recherche d'un repreneur.   Y aura-t-il un Northern Rock à la française ? « Non », tranche sans hésiter Geoffroy Bragadir, fondateur d’Empruntis.com, pour qui il n’y a « à l’heure actuelle, aucune raison de céder à la panique » de ce côté-ci de la Manche. « Il ne faut pas oublier que Northern Rock est un établissement spécialisé dans le crédit immobilier, qui rencontre des problèmes de liquidités parce qu’il a trop prêté, mais n’a aucun ennui de solvabilité » Le système bancaire français, beaucoup plus protecteur que son homologue britannique ne connaît pas de souci de liquidité, et les premiers prêteurs hypothécaires du pays sont d’ailleurs tous des établissements généralistes. Geoffroy Bragadir insiste par ailleurs sur l’importance de la « solidarité de place » à la française : « aucune banque ne veut à l’heure actuelle prêter à Northern Rock, une telle chose ne serait pas possible en France », où les établissements en bonne santé sont obligés de soutenir leurs concurrents en difficultés.

Emmanuel Salbayre