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Vers un tour de vis contre les locations Airbnb en Irlande

Dublin veut limiter les locations Airbnb

Dublin veut limiter les locations Airbnb - AFP

Après Paris, New York ou encore Madrid, c'est au tour de l'Irlande de durcir sa réglementation pour les locations saisonnières.

Depuis plusieurs mois, l’étau réglementaire se resserre autour des locations Airbnb un peu partout sur la planète. Le gouvernement irlandais vient ainsi d'annoncer ce jeudi qu'il allait durcir à partir de juin 2019 les règles relatives aux locations temporaires de meublés touristiques en Irlande, notamment via la plateforme de location Airbnb, afin de remédier à la crise du logement dans le pays.

Face au succès de ces locations temporaires, des propriétaires retirent du marché locatif des maisons et des appartements pour les proposer à la place à des touristes, une pratique "inacceptable" qui contribue au manque de logements disponibles dans les grandes villes, faisant grimper les loyers, a dénoncé le ministre du Logement, Eoghan Murphy, dans un communiqué.

Dans les zones où la demande de logements est forte, le gouvernement a donc décidé de n'autoriser les locations temporaires que par les propriétaires de résidences principales, qui devront s'enregistrer en tant que tels auprès des autorités. La location sera limitée à 90 jours par an et ne pourra s'effectuer que par courtes périodes, "par exemple 14 jours ou moins à la fois".

Des autorisations au compte-gouttes

Les résidences secondaires ne pourront plus être louées à des touristes à moins qu'elles ne disposent d'une autorisation en ce sens des autorités. "Il est peu probable qu'une telle autorisation soit accordée dans les zones où la demande de logements est élevée (...)", annonce le communiqué.

Selon l'Office européen des statistiques Eurostat, le loyer moyen pour un appartement d'une chambre à Dublin était de 1.550 euros en 2017. La sévère récession de 2008 a mis un sérieux coup de frein aux constructions neuves. Or, le même type de logement sous Airbnb peut se louer dans le centre-ville de Dublin facilement plus de 70 euros la nuit, soit 2.100 euros par mois sans vacance.

Les bureaux d'Airbnb à Dublin occupés

Airbnb, qui propose des logements prisés des touristes pour de courts séjours à Dublin, a contesté être responsable de la crise du logement en Irlande. "L'hospitalité et les locations de vacances constituent un pilier de nombreuses économies locales, et supprimer cette source de revenus touchera durement beaucoup de communautés", a déclaré un porte-parole du groupe dans un communiqué.

Plusieurs manifestations, principalement à Dublin, ont dénoncé récemment la crise du logement en Irlande. Mi-octobre, 13 manifestants de l'organisation "Take Back the City" ("Reprenons la ville") ont occupé les bureaux d'Airbnb à Dublin, siège européen du géant américain, estimant que le groupe avait "rapidement colonisé une grande partie de (la) ville".

Airbnb dans le viseur de Paris, New York, Madrid...

Des villes comme Paris, Berlin, Amsterdam et Barcelone ont déjà pris des mesures pour encadrer les locations via Airbnb, accusé d'avoir accentué la crise du logement. A Paris par exemple, les propriétaires doivent désormais obtenir un numéro d'enregistrement pour leur logement auprès de la mairie. Par ailleurs, les locations sont limitées à 120 jours par an pour les résidences principales, et nécessitent un changement d'usage pour les résidences secondaires.

A New York, la municipalité a pris un arrêté pour forcer Airbnb à lui transmettre la liste de ses hôtes. Il s'agit de faire appliquer plus facilement les textes de l'Etat de New York, qui interdisent de louer un logement pour moins de 30 jours sauf si l'hôte est présent.

A Madrid, la municipalité a trouvé une astuce radicale. Afin d'obtenir une autorisation de louer de façon saisonnière, les propriétaires devront prouver que leur logement dispose d'une entrée indépendante du reste de l'immeuble, à l'instar d'un hôtel. Ce qui est dans la pratique quasiment impossible. Les particuliers peuvent en revanche louer leur résidence principale moins de trois mois par an. Ces restrictions montrent néanmoins que les problèmes que pose la plateforme sont partagés par de nombreuses agglomérations.

(Avec AFP)

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