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Fiscalité immobilier

À Marseille, la taxe foncière "fait fuir certains investisseurs"

La taxe foncière freine l'immobilier marseillais

La taxe foncière freine l'immobilier marseillais - Anne-Christine Poujoulat

Alors que l'immobilier semble amorcer une timide reprise dans la cité phocéenne, l'explosion des impôts locaux inquiète les professionnels, qui constatent un changement dans le comportement des acheteurs.

Si en immobilier, Paris reste de loin la ville la plus chère de France, c'est à Marseille que le pouvoir d'achat a le plus augmenté. Ce dernier a bondi de près de 50% entre 2011 et 2016, selon le dernier baromètre de MeilleursAgents. Une évolution qui permet à la cité phocéenne d'afficher le pouvoir d'achat le plus élevé* (58 m²) parmi les grandes villes françaises. Cette progression est essentiellement due à la faiblesse des prix des logements anciens, qui ont chuté de 14% en cinq ans. Et si la pierre retrouve quelques couleurs (+0,9% en janvier), dans un contexte de taux d'intérêt toujours très bas, l'heure n'est pas encore à la fête.

En cause, le montant de la taxe foncière, qui "fait fuir certains investisseurs", selon La Provence. Cité par le quotidien, François-Xavier Guis de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) prend l'exemple d'un couple logeant dans un T3 à la résidence Consolat (15e arrondissement) qui paye 800 euros de taxe foncière, soit autant qu'un couple dans le même type de bien sur l'avenue Mozart dans le très chic XVIe arrondissement de Paris.

Cet impôt local, dû tous les ans par le propriétaire d'un bien immobilier, est selon lui "abominablement inégal et élevé. Résultat : des propriétaires dans les chics 6e, 7e ou 8e arrondissements payent parfois moins cher que des propriétaires dans le 3e arrondissement, secteur qualifié le plus pauvre d'Europe", déplore l'agent immobilier.

Des visites annulées à cause de cette taxe

Il faut dire que les valeurs locatives cadastrales, qui servent de base de calcul à la taxe foncière, restent aujourd’hui définies selon des règles datant de 1970 et ne prennent plus suffisamment en compte la réalité du marché immobilier. Du coup, le comportement des acheteurs évolue, au point que le montant de la taxe foncière est devenu leur principale préoccupation, devant le nombre de m² ou la localisation du bien.

Et ce n'est pas sans conséquence sur le volume de transactions. D'ailleurs, "il n'est pas rare d'annuler des visites à cause de cette taxe", admet son président Didier Bertrand, dans les colonnes de La Provence. "Des biens sur le boulevard Périer (8e) ne se vendent pas du tout en partie à cause de cette taxe trop chère. Ça profite à des secteurs comme le 12e où elle est moins élevée", précise-t-il.

Véritable cheval de bataille de la Fnaim, la réforme des valeurs locatives cadastrales -dont l’objectif est de rétablir davantage d’équité- entre en vigueur cette année. Mais pour l’heure, seuls les propriétaires des locaux commerciaux sont concernés. Les habitants, eux, attendront encore un peu avant de voir leurs impôts locaux refléter davantage le standing du logement qu’ils occupent.

L’objectif de cette réforme est donc de rétablir davantage d’équité. Mais pour l’heure, seuls les propriétaires des locaux commerciaux sont concernés. Les habitants, eux, attendront encore un peu avant de voir leurs impôts locaux refléter davantage le standing du logement qu’ils occupent.

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* Nombre de m² qu’il est possible d’acheter avec un emprunt sur 20 ans mobilisant 33% des revenus du ménage

Julien Mouret